La caserne Sully, futur musée du Grand Siècle à Saint-Cloud.
Désertée depuis 2008, promise aux archives départementales puis à nouveau en mal d’affectation, la caserne Sully accueillera en 2025 le musée du Grand Siècle constitué à partir des collections de Pierre Rosenberg. Les tableaux et les dessins rassemblés, tirés des limbes par l’ancien président-directeur du Louvre – des Vouet, Champaigne, La Hyre ou Le Brun, de format modeste pour la plupart –, se trouveront renforcés par un contingent d’œuvres laissées en dépôt par le Louvre, le domaine de Versailles ou l’École nationale supérieure des beaux-arts – de « grosses machines » ici, propres à refléter l’hégémonisme d’un royaume en plein essor. Peintures, sculptures, objets d’art et mobilier dialogueront tout au long du parcours, de manière à rendre compte du foisonnement de cet apogée de la culture française.
Les lieux, eux, seront complètement restructurés afin de s’adapter aux divers aspects du programme comprenant un musée, un cabinet d’amateur (dans le pavillon des Officiers), des salles d’exposition temporaire, un centre d’interprétation, un restaurant… Hors les murs, il ne subsiste pas grand-chose de la caserne des gardes royaux, édifiée sur ordre de Charles X entre 1825 et 1827. Déjà très sobre, elle a été dépouillée de tout élément patrimonial par de multiples affectations depuis la chute du dernier Bourbon. Restent les façades néoclassiques qu’anime un rez-de-chaussée à bossages, percé de baies cintrées. Le pavillon des Officiers, plus tardif, est encore plus laconique. Ce dénuement facilitera la tâche des architectes. Là n’est pas le problème.
La situation problématique du complexe
S’il devait y avoir un problème, il résiderait, comme le pointe Alexandre Gady, grand ordonnateur du projet, dans la situation du complexe. Implantée au nord-est du domaine national de Saint-Cloud, dans le prolongement des communs du château disparu, la caserne Sully est aujourd’hui étranglée par deux voies rapides qui en verrouillent l’accès. Pour l’heure, l’aménagement des abords arrache des accents d’angélisme à cette incomparable littérature d’agences et de cabinets : « rendre cet important nœud routier plus lisible et plaisant pour tous » passerait par la création d’un « espace public partagé » et adapté « aux déplacements de chacun pour un meilleur confort ». On se prend à rêver. Il n’en demeure pas moins que le curetage en profondeur de cet abcès demeure le préalable nécessaire au succès du noble projet.