Les résurrections de Versailles

Par David Jouet

Date de publication : 04/12/2019

Temps de lecture : 2 minute(s)

Le château de Versailles ose un anglicisme pour le titre de sa dernière exposition. Le terme « revival » semble en effet le plus idoine pour qualifier l’engouement de la Belle Époque et des Années folles pour le célèbre palais royal. « Versailles Revival » propose un retour sur cette période méconnue et pourtant essentielle dans son histoire.

Le parcours, qui bénéficie d’une scénographie soignée, débute en 1867, année de la première exposition consacrée à Marie-Antoinette. Une reconstitution de sa chambre, présentée alors, révèle les ambiguïtés du moment, tout comme La Famille royale en gondole sur le Grand Canal de George Roux, exemple de peinture historiciste aujourd’hui ignorée. La proclamation de l’Empire allemand en 1870, rappelée à travers une œuvre d’Anton von Werner (1848-1915), est un autre moment clef. En 1919, la signature du traité de Versailles dans la galerie des Glaces bondée sera une réponse à cette humiliation. Auparavant, le château est redevenu un centre politique sous la République avec l’installation du Parlement jusqu’en 1879.

« Versailles Revival » aborde aussi l’aspect culturel. Inspirant pour le cinéma, le domaine a profondément été réinventé par la littérature. Proust et Montesquiou ont puisé, parmi d’autres, dans l’automne versaillais. « Je suis ivre de Versailles, c’en est comme une maladie, un état amoureux, un passion criminelle », affirme le conservateur du musée de l’Ermitage Alexandre Benois en 1905. L’exposition rappelle par ailleurs l’état de délabrement du château et souligne le rôle des directeurs et conservateurs qui en ont orchestré les plus importantes restaurations et restitutions, à l’instar de Pierre de Nolhac (1859-1936). Les plans du château de Herrenchiemsee, bâti sur le modèle de Versailles par Louis II de Bavière, sont passionnants et les boiseries du paquebot France, émouvantes. Mais « Versailles Revival », c’est aussi la survivance du faste louis-quatorzien dans l’organisation des fêtes nocturnes peintes par Gaston de La Touche (1854-1913). L’exposition se conclut en 1937, alors que le château accueille son millionième visiteur. 

« Versailles Revival » : jusqu’au 15 mars 2020, au château de Versailles http://www.chateauversailles.fr/

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