Habiter en banlieue selon Renée Gailhoustet

Par David Jouet

Date de publication : 30/12/2019

Temps de lecture : 3 minute(s)

Le dernier-né de la collection « Carnets d’architectes » des Éditions du patrimoine est consacré à Renée Gailhoustet. Force plans et photographies y documentent le travail de l’une des premières femmes architectes indépendantes, née en 1929 et qui s’est efforcée de créer une poétique du logement toute au long de sa carrière. Militante et engagée, elle a laissé son empreinte dans des banlieues rouges comme Ivry-sur-Seine ou Villetaneuse, où une politique volontariste de logement social était alors conduite.

Il y a chez Renée Gailhoustet l’ambition de s’éloigner des conventions héritées du « modèle bourgeois » par l’emploi de formes « jamais vues », circulaires, pyramidales ou encore triangulaires. « Habiter est une affaire privée, il est donc normal qu’à la variété des individus répondent de multiples propositions spatiales », écrivait l’architecte dans Éloge du logement, paru en 1993. En découle une dénonciation des grands ensembles et la création d’une synthèse entre logement collectif et individuel, sous forme d’appartements différenciés et évolutifs, agrémentés d’un patio ou d’une terrasse, voués au plaisir d’habiter.

Son projet, en effet, a été de dépasser le fonctionnalisme de l’architecture moderne pour considérer l’habitat comme un acte culturel et le penser dans son environnement. L’ensemble de son œuvre et de ses écrits, livrés entre 1962 et 1998, témoignent d’une montée en puissance de sa pensée jusqu’à une maîtrise totale de ses principes, mis en œuvre dans l’ensemble Marat, livré en 1986.

Si les constructions en banlieue de Renée Gailhoustet ont pu être critiquées, elles font aujourd’hui partie intégrante du patrimoine, véritables marqueurs d’identité. L’attribution du label « Architecture contemporaine remarquable » à la tour Raspail d’Ivry et au quartier de La Maladrerie à Aubervilliers, réalisés par Gailhoustet, est indéniablement une forme de reconnaissance. L’auteure du livre, Bénédicte Chaljub, qui travaille sur la transmission de la culture architecturale de l’après-guerre, s’emploie à le démontrer au fil du texte. Elle aurait toutefois gagné à rester plus nuancée et objective. Sa comparaison du quartier de la basilique de Saint-Denis avec « une oasis végétale heureuse » est aussi fantasque que contre-productive.

Pour vous procurer le livre :
Renée Gailhoustet. Une poétique du logement, par Bénédicte Chaljub, Éditions du patrimoine, 176 pages, 25 €

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