Faire découvrir grâce au numérique les chefs-d’œuvre des plus grandes institutions françaises à ceux qui y ont difficilement accès, tel est le pari des Micro-Folies. Ces musées virtuels suscitent un tel enthousiasme qu’Emmanuel Macron et Franck Riester veulent en créer 1 000 d’ici 2022. Les crédits alloués par le ministère de la Culture aux Micro-Folies, équipement phare du plan « La culture près de chez vous », ont donc été doublés pour 2020.
Définies par le ministre de la Culture Franck Riester comme « une forme de tiers-lieu indispensable pour nos territoires, où la culture doit aller à la rencontre de tous les Français », les Micro-Folies, peu onéreuses et aisément installables, apparaissent comme un service de proximité prometteur pour diminuer la fracture culturelle, notamment en banlieue et dans les communes rurales.
C’est Didier Fusillier, président de l’établissement public du Parc et de la Grande Halle de la Villette (EPPGHV) qui a imaginé le concept. La première Micro-Folie a été inaugurée à Sevran (Seine-Saint-Denis) en janvier 2017 et depuis, une soixantaine ont ouvert dans toute la France et à l’international (Pékin, Le Caire, Abu Dhabi…), en lien avec les Alliances françaises. Elles tirent leur nom des 26 Folies rouges de l’architecte Bernard Tschumi disséminées dans le parc de la Villette, elles-mêmes inspirées des « folies », petits pavillons à l’architecture extravagante égayant les parcs du XVIIIe siècle.
Reliées à un grand écran, les tablettes des Micro-Folies proposent une infinité de ressources : images en haute définition de 1 800 œuvres issues des établissements partenaires, contenus pédagogiques écrits par des conservateurs, jeux et même expériences de réalité virtuelle grâce à un partenariat avec Arte. Chacun peut composer son propre itinéraire de visite ou suivre un parcours préconçu : résidences royales européennes, femmes dans l’art… Les 12 établissements culturels fondateurs vont être rejoints par 6 autres institutions dont la Bnf et le Centre des monuments nationaux qui enrichiront de leurs trésors la galerie d’art numérique. Ils offriront également des coupe-files pour permettre aux publics de la Micro-Folie d’aller voir les œuvres « en vrai ».
Intérieur de la salle Sthrau, à Maubeuge (Nord). Cette dernière est couverte d’une voûte en berceau à caissons et d’une coupole en forme d’ellipse, de 12 mètres sur 7. Projection dans la chapelle du Sauveur, à La Souterraine (Creuse), du Tricheur à l’as de carreau de Georges de La Tour conservé au Louvre.
Certaines de ces Micro-Folies sont judicieusement implantées dans des lieux patrimoniaux, leur offrant une nouvelle vie, telle la chapelle du Sauveur (désacralisée) de La Souterraine dans la Creuse. Les religieuses qui avaient fait don du bâtiment à la municipalité exigeaient qu’y soit développé un projet culturel de qualité. À Montereau-Fault-Yonne (Seine-et-Marne), c’est aussi un édifice religieux, l’ancien prieuré Saint-Martin, qui accueille ce musée numérique, tandis que la Micro-Folie de Brunoy, dans l’Essonne, est installée à la Maison des Arts, un château du XIXe siècle. Et à Maubeuge (Nord), c’est dans la salle Sthrau, joyau de l’Art déco, que l’on peut admirer les collections des musées des Hauts-de-France.
Comme ces « musées du futur » sont déclinables à l’envi selon les richesses patrimoniales de chaque territoire, Franck Riester veut mobiliser les Drac (Directions régionales des affaires culturelles) pour qu’elles y associent les artistes et autres projets culturels de leur région. Le tout sans perdre de vue l’ambition du dispositif : que ces expériences virtuelles éveillent un appétit, bien réel, pour l’art et le patrimoine.