La mue du musée Carnavalet

Par Sophie Flouquet Journaliste

Date de publication : 10/04/2020

Temps de lecture : 5 minute(s)

L’hôtel Carnavalet est un véritable monument du quartier du Marais, rare témoin de l’architecture de la Renaissance à Paris, avec la Cour carrée du Louvre et la Fontaine des Innocents, dans le quartier des Halles. Ce joyau parisien, construit à partir de 1548, puis agrandi avec élégance par le grand François Mansart dès 1655, et où vécut longtemps Madame de Sévigné, méritait une délicate restauration.

Avec l’hôtel Le Peletier de Saint-Fargeau – son voisin du XVIIe siècle par Pierre Bullet, auquel il a été rattaché en 1989 -, il a accueilli pas moins de 400 000 visiteurs par an, venus découvrir l’histoire de la capitale, de l’Antiquité au XXe siècle au sein du musée Carnavalet. Et cela alors même que certaines salles du musée n’étaient pas chauffées… Elles le seront désormais toutes, lorsque le musée rouvrira ses portes, au terme de ce qui a été annoncé comme le plus gros chantier muséal de la mandature d’Anne Hidalgo.

Fermé depuis 2016, l’ensemble a été confié aux bons soins de l’architecte en chef des Monuments historiques François Chatillon, qui a déjà oeuvré, entre autres, au Grand Palais et à l’abbaye de Royaumont. Les façades de l’hôtel Carnavalet avaient déjà été en partie restaurées en 2015, notamment celles de la cour d’honneur, ornées de sculptures de Jean Goujon et de Gérard Van Opstal, sous la supervision de Christiane Schmuckle-Mollard, architecte en chef des Monuments historiques.

Les travaux ont principalement consisté en une lourde mise aux normes de sécurité ainsi que dans la réfection des couvertures, des menuiseries extérieures et des façades sur rue et sur la cour des Drapiers, côté jardin. Les salles voûtées du sous-sol ont elles aussi été totalement restaurées pour être rendues accessibles au public. Elles constitueront désormais le point de départ du parcours de visite.

L’hôtel Le Peletier de Saint-Fargeau a quant à lui subi des interventions plus radicales. Ses volumes intérieurs arborent désormais en grande partie des murs de béton. Transformé à plusieurs reprises par l’administration municipale avant d’être affecté au musée, cet hôtel avait été largement entresolé de manière anarchique, rendant la visite quelque peu labyrinthique. Les volumes ont pu être clarifiés, notamment grâce à la réouverture de baies jadis occultées, la création de nouveaux planchers et le percement d’escaliers. L’un d’entre eux, particulièrement spectaculaire, est signé de l’agence norvégienne Snøhetta, associée au projet.

Mais le chantier a également porté sur la restauration des collections, en particulier sur les importants éléments mobiliers que le musée conserve. Ayant appartenu à des édifices parisiens disparus ou à de grands décors dispersés, ces meubles ont offert la possibilité d’aménager une succession de period rooms. Ainsi de l’élégant décor martial de l’ancien Café militaire signé Claude-Nicolas Ledoux, magnifique ensemble néoclassique qui se trouvait jadis dans un immeuble à l’emplacement du Louvre des antiquaires. Ou des peintures néobaroques de la salle de bal de la famille Wendel, créées dans les années 1920 par José María Sert, surnommé le « Tiepolo des milliardaires », pour l’hôtel de Sourdeval (16e arrondissement).

L’ensemble des travaux a été chiffré à 50 millions d’euros, dont 44 millions subventionnés par la Ville de Paris. Si 7 millions ont été nécessaires pour restaurer les façades extérieures, la majeure partie du budget a été affectée au parcours muséographique, dirigé par la scénographe Nathalie Crinière.

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