Ce pourrait être une démonstration savante, la « forteresse idéale » que Viollet-le-Duc avait fantasmée autour des ruines d’Arques-la-Bataille. Ou, plus prosaïquement, l’un de ces raccourcis spectaculaires et pittoresques comme les expositions universelles de l’âge d’or aimaient en fabriquer de toutes pièces. Mais, en Haute-Savoie, sur le promontoire de Menthon-Saint-Bernard, le rêve a dépassé le fantasme, et s’est nourri, non pas de carton-pâte, mais d’une roche sévère que rien n’érode, ni le temps ni les vents contraires.
L’altière silhouette s’est attirée d’insignes regards, avant comme après sa prodigieuse métamorphose. Rousseau y a enseigné le piano à la jeune Sophie de Menthon ; le très pédagogue Monseigneur Dupanloup en fut un habitué ; Jean Moulin, tout à son projet d’unifier les réseaux de résistance du Sud, y a épisodiquement séjourné, tout comme le général de Gaulle, lorsqu’il vint inaugurer le monument du plateau des Glières… Quant au Grand Hôtel du village, point de départ des excursions au château, il a accueilli Gide, Proust et même Walt Disney qui, sidéré par ce qu’il vit depuis sa fenêtre, s’en inspira pour le château féerique de La Belle au bois dormant. Le rêve, toujours…
Bernard, glorieux patron
Tout ici procède du merveilleux. Car son renom, la forteresse le tire tout d’abord de son saint patron, Bernard, le pacificateur des cols. Une légende au cuir dur en fait le fils de la maison, désireux d...
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Alpes-de-Haute-Provence