Le combat d’Antonin Grenier à Fontenay-Trésigny

Par Aliénor Harzo

Date de publication : 15/05/2020

Temps de lecture : 4 minute(s)

Dans cette petite commune de Seine-et-Marne, le château du duc d’Épernon est en péril : il nécessite une intervention d’urgence. C’est un jeune trésifontain de 16 ans, connaissant bien le château, qui lance l’alerte sur les réseaux sociaux en 2016. Une histoire peu commune, donc.

Antonin Grenier est à l’origine du groupe Facebook « Château du Duc d’Épernon » et, depuis quatre ans, il multiplie les démarches. Grâce à lui, l’affaire prend aujourd’hui de plus en plus d’ampleur et nous redonne un peu d’espoir pour ce monument classé au titre des Monuments historiques qui tombe en ruines.

Les origines du château remonteraient au XIIe siècle. Il a appartenu à Jean-Louis de Nogaret de La Valette (1554-1642), duc d’Épernon. Cet homme de guerre et homme d’État, favori de Henri III, lui a donné son nom. Par la suite, le château est passé entre différentes mains et a accueilli de nombreux personnages historiques. Il fut la propriété de la famille Tasse de 1936 à 2006, avant d’être racheté par un promoteur immobilier en 2007. C’est cette dernière acquisition, dans le but de le transformer en appartements de luxe, qui lui a été fatale. Les travaux avaient commencé mais le château a ensuite été laissé à l’abandon, après la liquidation judiciaire du promoteur en 2014.

En 2016, Antonin Grenier crée donc le groupe Facebook « Château du Duc d’Epernon », dans l’espoir de sauver le château. Il souhaite ainsi mobiliser les internautes. D’une part, il les invite à partager informations, souvenirs, anecdotes et photos du lieu. D’autre part, il s’efforce de trouver ainsi des mécènes qui acceptent de restaurer le château. Et c’est une réussite ! De nombreux internautes adhèrent au groupe qui compte aujourd’hui plus de 3 500 membres.

Antonin Grenier fait alors du sauvetage du château son combat. « Je fais ça pour le patrimoine français, j’adore l’histoire et les vieilles pierres. Et je suis attaché à ce château, j’y ai de nombreux souvenirs. » Aidé par son père, Sébastien Grenier, il crée une association, Les garde-fous de l’an XVI, afin de donner plus de poids à leurs démarches, notamment auprès de la Drac, des Monuments historiques et du préfet de Région.

Soutenu par Stéphane Bern depuis 2018, Antonin Grenier tente d’inscrire le château au Loto du patrimoine, sans malheureusement obtenir l’accord du propriétaire, un promoteur qui souhaite créer un hôtel de luxe. La Drac a refusé le projet de ce dernier qui prévoyait une extension contemporaine des ailes du château. Lors d’un rendez-vous à la préfecture de Région en 2019, la possibilité de mettre en place une procédure de sauvegarde d’urgence est émise, mais le château, aujourd’hui entre les mains d’un liquidateur judiciaire, est toujours dans un état de dégradation avancée et préoccupant.

Début avril 2020, Sauve mon château diffuse un reportage sur l’édifice en péril. À la suite de cette diffusion, Stéphane Bern est entré en contact avec le maire de Fontenay-Trésigny, Patrick Rossilli, qui propose – enfin ! – de chercher des solutions pour sauver le château. En 2016, il avait déclaré que la situation était très complexe et que la commune n’avait pas les moyens de reprendre le château, les travaux étant estimés à plusieurs millions d’euros. Rien n’avait été fait depuis par la municipalité pour tenter de restaurer l’édifice, ou de le mettre en sécurité. Stéphane Bern et Patrick Rossilli se sont mis d’accord pour organiser une réunion, dès la fin du confinement, avec le sénateur Vincent Eblé et le ministre de la Culture, Franck Riester, afin de débloquer ensemble la situation.

On se devait de féliciter Antonin Grenier pour son initiative exemplaire et son dévouement envers le patrimoine !

Partager sur :