Du 30 juin au 7 juillet 2020, 25 charpentiers et compagnons venus du monde entier se sont retrouvés dans le parc du château de Mesnil-Geoffroy à Ermenouville (Seine-Maritime). Cette équipe de Charpentiers sans frontières (CsF), association créée il y a 20 ans, a monté en une semaine la réplique grandeur nature de la ferme n° 7 de la cathédrale Notre-Dame de Paris, l’un des éléments triangulaires formant la base de la charpente incendiée en avril 2019. Un évènement exceptionnel !
Comme au XIIe siècle, à la main et avec des outils similaires à ceux utilisés à l’époque, ils ont aplani les surfaces à la hache, une technique appelée l’équarrissage. Six chênes avaient été choisis dans les forêts normandes et abattus en janvier 2020. Sur une grume (tronc non équarri) de 24 mètres de long, la largeur de Notre-Dame, ils ont sculpté et assemblé les différents éléments de cette pièce importante de la charpente qui supporte le poids de la couverture.
En une semaine, 25 membres de l’association Charpentiers sans frontières ont construit, à la main, la réplique d’une partie de la charpente de Notre-Dame de Paris. © Sabine de Montfort Long de 24 mètres et haut de 16 mètres, l’imposant ouvrage a été confectionné avec des outils similaires à ceux utilisés à l’époque médiévale. © Sabine de Montfort
À l’initiative de l’évènement, François Calame, charpentier passionné devenu ingénieur d’études à la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) de Normandie et président de Charpentiers sans frontières. Ce projet a permis « de faire la démonstration qu’avec les mêmes techniques et les mêmes outils qu’à l’époque, il est possible de faire ce travail sans que cela ne demande plus de temps qu’avec les techniques modernes » indique la propriétaire de Mesnil-Geoffroy, Anne-Marie Kayali. « Économe, en bois, respectueuse des oreilles et des poumons des ouvriers, valorisant le geste et le savoir-faire, cette méthode low tech n’a rien de folklorique », affirme François Calame.
« Candidate à la restauration finale de Notre-Dame, cette association de charpentiers a pu présenter de visu son éthique et sa conformité à cet élément de la cathédrale, dont l’incendie a bouleversé le monde entier et qui demande à être restitué dans les règles de l’art. Un travail spectaculaire et de haut niveau, un chantier incomparable sur le plan humain », commente la propriétaire, aux petits soins pour l’équipe et qui a vécu avec son époux, une semaine inoubliable.
Les charpentiers se sont attelés à reconstruire à l’identique, en suivant les méthodes du XIIIe siècle. © Sabine de Montfort L’objectif de cette entreprise originale : montrer aux autorités en charge de la restauration de Notre-Dame que l’on peut reconstruire la charpente de la cathédrale en utilisant des chênes français et en ayant recours à des techniques artisanales. © Sabine de Montfort
Une délégation de la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture (CNPA) est venue découvrir le chantier qui leur a beaucoup plu. Quant au public, il a pu visiter le chantier, ainsi que l’admirable roseraie de Mesnil Geoffroy. Le levage spectaculaire de la pièce à la force des hommes, comme au XIIIe siècle, a été le clou final de cet évènement.