Il était une fois un château en Gâtinais… C’est Céline qui vous raconte l’histoire du domaine de Courances, et notamment de son parc. Un petit bijou de verdure qui reflète cinq siècles d’histoire des jardins et offre aux spectateurs la grâce de ses jeux d’eau et la symétrie de ses perspectives. Une découverte très rafraîchissante pour cette mi-août et qui marque à merveille le dixième épisode de notre série « Cet été, racontez-nous la France ! ».
J’ai découvert le château de Courances et son parc un peu par hasard. Après la traversée de champs à perte de vue, sur des routes néanmoins sinueuses, j’arrive au village de Courances, situé dans le parc naturel régional du Gâtinais. Dès l’entrée, le ton est donné. Un ballot de paille avec une bâche où est écrit « Pour un sol vivant » me fait penser que finalement je ne suis pas venue ici par hasard…
Eh oui, Courances est plus qu’un château ! C’est tout un territoire qui est en marche pour une sacrée révolution aux portes de la Beauce, le grenier de la France. Pour le moment, on se concentrera sur le château et son parc tant il y a de choses à découvrir.
Au commencement, comme dans beaucoup de domaines, il existait une seigneurie de Courances dont les premières mentions remontent au XIIIe siècle. Mais ce n’est qu’au XVIIe siècle que le château actuel vit le jour, et plus précisément en 1630, avec la famille Gallard. Le parc, quant à lui, a commencé son aventure dès le XVIe siècle au moment de la Renaissance française, qui vit naître les « jardins d’eau ».
Passé par mariage dans la famille des Nicolaÿ, le château traversa non sans mal la Révolution française, qui fit décapiter le propriétaire et son fils aîné. Théodore de Nicolaÿ, autre fils, légitimiste favorable au retour de la royauté en France, part se réfugier en Suisse en 1830 et laisse le château à l’abandon.
Après 42 ans d’errance, le temps pour un arbre de pousser dans le salon et pour les toits de s’écrouler, Samuel de Haber fait l’acquisition du château de Courances en 1872. Ancêtre des propriétaires actuels, il contribue à le restaurer et à lui donner son allure actuelle. On lui doit, notamment, avec l’aide de l’architecte Hippolyte Destailleur, ce style Louis XIII, fait de briques et de pierres ainsi que l’escalier en fer à cheval, qui n’est pas sans rappeler son illustre aîné du château de Fontainebleau. Le parc, quant à lui, ressemblait alors à un vaste marécage.
Repris en main par Jean-Louis de Ganay, ingénieur agronome, en 1946, il abrite aujourd’hui quatre générations de Ganay. Vous l’aurez compris, ce château est privé et encore habité. Il est néanmoins possible de le découvrir partiellement lors de visites guidées.
Le château n’est pas à dissocier de son parc dont l’ancienneté de plus de cinq siècles est un véritable joyau d’eau et de verdure. Un parc impressionnant, par les surprises et les perspectives qu’il offre. Fort de 14 sources jaillissantes à travers la tête de dauphins à bouche béante, appelés les « gueulards », ce parc de 75 hectares offre 17 pièces d’eau entourées de bois.
L’ingéniosité de l’ensemble réside dans un savant jeu de niveaux sans artifice mécanique ! Pourtant, tout s’est construit petit à petit, avec tout d’abord l’allée d’honneur dont les platanes furent plantés en 1782. J’ai adoré ces platanes qu’on attend droits et fiers, et dont certains ont préféré jouer avec le vent pour donner des courbes improbables et néanmoins pleines de charme !
C’est par le jardin japonais, petit bijou coloré, à proximité de la Foulerie transformée en salon de thé à la même époque, que je termine ma balade. C’est Berthe de Ganay, petite-fille de Samuel de Haber, qui initia ce jardin à l’époque où la mode du japonisme faisait fureur en France. Abandonné à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, Philippine de Noailles, l’épouse de Jean-Louis de Ganay, contribua à le faire revivre. Cet espace petit et dense est entretenu uniquement à la main. Nous ne pouvons l’observer que de l’extérieur, l’intérieur étant préservé d’une affluence trop importante qui mettrait en péril les plantations. Mais pas d’inquiétude, le spectacle est tout à fait saisissant !
Tout cet ensemble est entretenu par 4 personnes et, depuis 2012, plus aucun produit phytosanitaire ne vient polluer l’endroit. Quant à l’eau, elle se régule grâce aux carpes végétariennes. Jean-Louis de Ganay a souhaité simplifier l’ensemble pour un entretien moins contraignant et plus écologique. © Céline Marotte
Tout cet ensemble est entretenu par quatre personnes, et depuis 2012 plus aucun produit phytosanitaire ne vient polluer l’endroit. Quant à l’eau, elle se régule grâce aux carpes végétariennes du fleuve Amour, en Mongolie. Jean-Louis de Ganay a souhaité simplifier l’ensemble pour un entretien moins contraignant : les allées de gravillons ont été remplacées par des pelouses et les arbres ne sont plus taillés en rideau, ce qui donne au site un air très contemporain. C’est d’ailleurs ce que revendiquent les propriétaires : « Œuvrer avec la nature plutôt que contre elle. »
C’est dans ce même courant de pensée que Valentine de Ganay, fille de Jean-Louis, a décidé de reprendre la gestion des terres agricoles appartenant à la famille en y développant une agriculture de conservation, et bien sûr biologique, mais ça c’est une autre histoire…
Céline Marotte
Pour découvrir d’autres articles de Céline sur le patrimoine et la permaculture, rendez-vous sur son blog.