Belles demeures insulaires

Par Aliénor Harzo

Date de publication : 09/10/2020

Temps de lecture : 4 minute(s)

Du 9 octobre 2020 au 10 janvier 2021, le musée national de la Maison Bonaparte à Ajaccio présente l’exposition « Grandes demeures de Corse ». À cette occasion est publié un catalogue richement illustré qui dresse un panorama complet des grandes demeures insulaires au temps des Bonaparte. Un ouvrage savant, à la pointe de l’actualité de la recherche et offrant les clés de lecture de ces belles demeures.

Depuis plusieurs années, les recherches menées par le musée sont consacrées à l’histoire du goût des Bonaparte, tout d’abord dans leurs demeures parisiennes, puis au travers de leur mobilier en Corse. Ce dernier ayant donné lieu à la publication d’un ouvrage de référence. Les dernières recherches sur les demeures patriciennes mettent de nouveau le patrimoine insulaire en valeur. Une découverte car, contrairement aux architectures religieuse et militaire, l’architecture civile corse est peu étudiée.

Grâce à une collaboration avec le service de l’inventaire de la collectivité de Corse, les musées corses et de nombreux spécialistes travaillant depuis longtemps sur le sujet, les auteurs sont parvenus à reconstituer l’histoire de ces demeures. « Le sujet n’avait pas encore été exploré et les spécialistes réunis autour de Jean-Marc Olivesi apportent, par leurs contributions, des renseignements nouveaux et inédits sur les demeures corses du XVIe au XIXe siècle » se réjouit Amaury Lefébure, directeur du musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau.

Les chantiers de construction initiés durant la période étudiée – 1769-1870 – reflètent un changement de statut des commanditaires. Bien que la terre soit la source majeure de revenus de ces élites, leur enrichissement est également lié à l’importance croissante des Bonaparte. Les demeures édifiées doivent affirmer le rang des propriétaires et leur prééminence dans la société locale, sans toutefois être trop ostentatoires. Il en résulte des constructions d’une taille considérable, aux façades d’une grande sobriété. Un parti plus original et raffiné est parfois adopté, comme en témoignent les exemples des châteaux de la Punta et de Marbeuf. Mais ces programmes ambitieux ne furent pas imités et restent des exceptions.

À la campagne ou au sein d’un espace urbain très dense, « ces demeures témoignent d’une grande diversité dans les plans, l’organisation de l’espace et le jeu des décors, les influences, italiennes ou françaises, voire suisses. Toutes révèlent les différences sociales et les ambitions de leurs propriétaires » souligne Amaury Lefébure. Selon Jean-Marc Olivesi, conservateur du musée national de la Maison Bonaparte, « le corpus des demeures patriciennes corses de ce temps offre toute la diversité de la société insulaire de cette époque ».

L’exposition, se tenant dans la maison natale de Napoléon, présente les documents recueillis par le musée et les aquarelles de l’architecte Pierre-Alexandre Soulat, qui complètent très habilement ce travail de recherche sur l’architecture des grandes demeures corses. Y sont également exposées des maquettes des escaliers les plus remarquables, réalisées par le Conseil d’architecture, d’urbanisme et d’environnement de la Corse du Sud (CAUE 2A). L’exposition s’accompagne d’une riche programmation culturelle et d’un atelier d’initiation à l’architecture, pour notamment apprendre à lire les façades.

Pour vous procurer le livre :
Grandes demeures de Corse, Les maisons patriciennes au temps des Bonaparte 1769-1870, ouvrage collectif, dessins de Pierre-Alexandre Soulat, Musée national de la Maison Bonaparte/éditions Albiana, 312 pages, 35 €

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