L’architecte japonais Kengo Kuma vient d’être sélectionné pour élever une grande galerie contemporaine devant la façade de la cathédrale d’Angers. Il a choisi la pierre et la sobriété, pour mêler habilement patrimoine et modernité.
Trois arches élancées en façade dégageant trois ouvertures hautes et étroites. Puis deux autres identiques sur les parties latérales. À l’intérieur de la galerie, deux arches inversées presque closes ne laissant passer qu’un mince filet de lumière. Des arches qu’il serait plus juste d’appeler « portails » tant leurs silhouettes évoquent celles des voussures surmontant traditionnellement l’entrée des cathédrales médiévales.
Tel est le projet qui vient d’être sélectionné suite au concours d’architecture pour la construction d’une galerie contemporaine devant la façade occidentale de la cathédrale d’Angers. L’objectif : protéger l’exceptionnel portail du XIIe siècle dont les sculptures, comportant encore des traces de peinture, en font l’un des rares témoins de la polychromie des cathédrales médiévales.
Détail d’une voussure du tympan du portail occidental de la cathédrale d’Angers (Maine-et-Loire). © Drac Pays de la Loire Au centre du portail occidental de la cathédrale d’Angers (Maine-et-Loire). Tympan figurant un Christ en mandorle entouré du Tétramorphe (l’ange de Saint Mathieu, le lion de Saint-Marc, le taureau de Saint-Luc et l’aigle de Saint-Jean). © Drac Pays de la Loire Détail d’une voussure du tympan du portail occidental de la cathédrale d’Angers (Maine-et-Loire). © Drac Pays de la Loire
Restauré en 2009, la question de la conservation de cet exceptionnel patrimoine s’est rapidement posée aux autorités. La Direction régionale des affaires culturelles (Drac) a alors mené différentes études qui ont permis de conclure que seule la construction d’une nouvelle structure devant le portail serait apte à protéger, à long terme, les peintures restaurées. Un premier projet envisageait de reconstruire à l’identique la grande galerie gothique du XIIIe siècle qui jouait ce rôle protecteur jusqu’à sa destruction en 1807. Mais faute de sources suffisantes, c’est finalement vers une création contemporaine que s’est orienté le projet.
Une option validée en 2019 par la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture. Un concours est donc lancé et vient de couronner le projet de Kengo Kuma, parmi des propositions de Rudy Ricciotti, Philippe Prost, Pierre-Louis Faloci ou Bernard Desmoulin.
Le stade Olympique de Tokyo signé Kengo Kuma et inauguré en 2019. Il n’accueillera les jeux qu’à l’été 2021 en raison de l’épidémie de Covid-19. © Kengo Kuma & Associates Le temple taoïste à Hsinchu (Taïwan, 2018) signé Kengo Kuma est un chef-d’œuvre de charpenterie et présente la particularité de ne pas avoir de murs : c’est en passant sous un coin du toit incurvé qu’on y pénètre. © Kengo Kuma & Associates
Le Victoria & Albert Museum de Dundee en Écosse, première antenne du musée londonien, a ouvert ses portes en 2018. © V&A Dundee/Ross Fraser McLean Toute de bambou et de verre, la Great (Bamboo) Wall House, signée Kengo Kuma et située aux environs de Pékin, s’ouvre sur une vue de la grande muraille de Chine. © Kengo Kuma & Associates
Stade olympique de Tokyo, temple taoïste à Taïwan, musée monumental en Écosse ou maison en bambou… cet architecte japonais maintes fois récompensé, qui a fondé son agence en 1990, sait varier les matériaux et les échelles, les formes et les couleurs. À Angers, il s’est mesuré à un autre genre de défi : réécrire une partie d’une façade historique. Un défi périlleux que Kengo Kuma a su relever en s’inspirant des formes du portail médiéval pour en proposer une version sobre et épurée, qu’il démultiplie au sein de cette grande galerie de pierre. Le résultat, entre hommage à l’architecture médiévale et sobriété contemporaine, s’annonce réussi.