Un chantier colossal s’achève à Versailles ! La chapelle royale, l’un des plus précieux joyaux du château dont la restauration a commencé en 2017, se dévoile progressivement aux yeux des habitants de la ville du Roi Soleil.
Nous sommes en 1710. La chapelle royale, chef d’œuvre de l’architecte Jules Hardouin-Mansart, relayé à sa mort par son confrère Robert de Cotte, vient d’être inaugurée après onze ans de travaux. Consécration architecturale de la piété et de la dévotion de Louis XIV, c’est le seul bâtiment du domaine dont la hauteur dépasse celle du château. Chaque jour, vers 10h, la messe y est donnée en présence de la famille royale, installée dans la tribune qui lui est destinée, des courtisanes, placées dans les tribunes latérales, et du reste de la Cour qui siège dans la nef.
La chapelle palatine atteste de la volonté d’Hardouin-Mansart de coller à la tradition architecturale des chapelles royales françaises, tout en inscrivant l’édifice dans la fastueuse lignée du château de Versailles. Il suffit de balayer la place d’Armes du regard pour s’en rendre compte : par ses riches ornements, ses pilastres corinthiens et sa trentaine de statues qui couronne la balustrade, l’édifice s’impose tout de suite à l’œil.
Mais le temps n’a que faire des chefs-d’œuvre, et les années qui passent abîment considérablement la chapelle. Pour mettre un terme aux infiltrations, à la fragilisation de la charpente et à la pierre qui s’érode, une restauration générale devient urgente. Le budget est à la hauteur du monument : 16 millions d’euros. Un chiffre qui se justifie lorsque l’on sait qu’il a fallu 300 000 feuilles d’or pour la seule restauration des sculptures et ornements, soit près de 6 kilogrammes d’or.
Tout y passe : restauration des vitraux, de la charpente, du toit, des statues ornant ce dernier et des nombreux bas-reliefs sous l’œil expert de l’architecte en chef des Monuments Historiques Frédéric Didier. Pendant trois ans, charpentiers, couvreurs, verriers, tailleurs de pierre et autres artisans se sont succédés sur l’immense échafaudage de 47 mètres, dans des conditions très particulières pour certains. Le travail minutieux des artisans doreurs par exemple requiert un environnement idéal, sans vent ni pluie. Ces derniers travaillaient donc sous une double protection – une bâche et une « bulle » conçue pour les isoler complètement – afin de ne pas être trop dépendants des intempéries. Un travail de titan pour un édifice titanesque.
Depuis quelques semaines, la chapelle palatine se dévoile progressivement. Les échafaudages qui recouvraient la toiture ont été démontés, laissant apparaître les sublimes ornements et le faîtage restaurés, étincelants. Le reste de l’échafaudage et les bâches masquent encore le corps de la chapelle mais devraient être retirées pour les fêtes de fin d’année. Vous êtes impatients ? Une visite sur le site du château de Versailles vous donnera un bel aperçu de ce qui vous attend : une série mêlant reportages vidéos et photographies quotidiennes permet de suivre en temps quasi réel l’évolution du chantier dont la fin est prévue pour mai 2021.