Le passé du château de Villers-Cotterêts révélé par l’archéologie

Par Agathe Archambault

Date de publication : 03/03/2021

Temps de lecture : 5 minute(s)

L’Inrap révèle un premier bilan des fouilles archéologiques réalisées au château de Villers-Cotterêts (Aisne), future Cité internationale de la langue française. Elles ont permis de mettre au jour des vestiges de l’ancien château médiéval ainsi que le terrain de jeu de paume de François Ier.

Alors que les travaux de restauration pilotés par le Centre des monuments nationaux (CMN) préparent l’avenir du château de Villers-Cotterêts, les fouilles archéologiques préventives qui s’y déroulent au même moment permettent, elles, de reconstituer des fragments de son passé. Entreprises à l’été 2020 par l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) et le service archéologique de l’Aisne, elles se sont concentrées sur trois zones : à l’arrière du logis royal, dans la cour des Offices et dans la cour du Jeu de paume. Elles ont permis de mettre en évidence les fondations d’un premier édifice médiéval baptisé la Malmaison. Elle est abattue au XVIe siècle pour laisser place à la résidence de François Ier, célèbre pour être le lieu où il signa, en août 1539, la fameuse ordonnance de Villers-Cotterêts imposant le français comme langue administrative.

La composition de cette forteresse, édifiée au XIIe siècle par les comtes de Valois, demeurait jusqu’alors totalement inconnue des historiens car « ni son plan, ni son évolution au cours du Moyen Âge ne sont documentés par des archives » précise l’Inrap. Les fouilles ont ainsi fourni de précieuses informations sur son architecture. Elles ont notamment dévoilé la présence, côté jardin, d’un grand fossé défensif large de 13 mètres qui protégeait l’édifice au Moyen Âge, d’une tour carrée ainsi que d’un réseau de canalisations. Tandis qu’au niveau de l’actuelle cour des Offices, qui correspond à la basse-cour médiévale, les archéologues ont découvert les fondations d’un vaste bâtiment de plan rectangulaire, mais aussi de nombreuses fosses, un puisard et des latrines contenant des morceaux de céramique. La mise au jour de ces vestiges permettent aux chercheurs d’affirmer que le logis du XVIe siècle « prenait appui à son arrière (nord) sur la semelle du château médiéval et qu’il a été construit avec les pierres retaillées de ce dernier ».

Quant aux fouilles réalisées dans la cour du Jeu de paume, située au cœur du logis royal, elles ont permis de retrouver les traces de ce terrain de sport aménagé lors de la construction du château Renaissance à la demande de François Ier. Le jeu de paume, ancêtre du tennis, devient en effet très populaire en France à partir du XVe siècle et était particulièrement apprécié par le souverain, ce qui expliquerait sa position si centrale dans le château selon le responsable scientifique des fouilles, Thierry Galmiche. Un chantier pour le moins exceptionnel puisqu’il s’agit du plus ancien jeu de paume à avoir fait l’objet de fouilles en France. Les archéologues y ont dégagé le radier de pierre (à l’origine couvert par un dallage de terre cuite appelé « carreau ») qui en constituait le sol, ainsi que les vestiges des galeries qui bordaient le terrain et abritaient les spectateurs. C’est d’ailleurs à ce sport patrimonial et à l’architecture de son terrain que l’on doit l’origine des expressions « épater la galerie » et « rester sur le carreau » !

Toujours en cours, les fouilles se concentrent actuellement dans la cour des Offices, sur une surface de 3 700 mètres carrés, et doivent permettre d’apporter de nouvelles informations sur l’occupation de l’espace au sud du château.

Une visite virtuelle à 360° du chantier de fouille est disponible sur le site de l’Inrap.

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