Depuis quelques semaines, le Grand Salon du château de Vaux-le-Vicomte est en pleine restauration. Ces travaux, dirigés par Didier Repellin, architecte en chef des monuments historiques, ont pour objectif de redonner au lieu sa splendeur d’antan et son appellation de « Palais du Soleil ».
Le château de Vaux-le-Vicomte, construit pour Nicolas Fouquet, surintendant des finances de Louis XIV, est l’un des plus grands chefs-d’œuvre du XVIIe siècle. Pour réaliser son projet, Fouquet s’entoure de trois figures importantes : l’architecte Louis Le Vau, le paysagiste André Le Nôtre et l’artiste Charles Le Brun.
![]()
Au centre du château se trouve le Grand Salon, autour duquel s’organisent les appartements et les jardins. © B-Aile drone
Au centre du château se trouve le Grand Salon, autour duquel s’organisent les appartements et les jardins. Contrairement à la mode de l’époque qui préfère les grandes galeries, Le Vau conçoit une pièce ovale, à l’italienne, sous une coupole de près de 18 mètres de haut. Charles Le Brun conçoit pour la pièce un décor à la fois sculpté et peint. Seize sculptures représentant les signes du zodiaque et les saisons guident les yeux du spectateur vers le haut. Pour la coupole, il imagine une grande fresque représentant l’étendue des connaissances en matière d’architecture, de sculpture, de peinture, d’astronomie, d’astrologie, d’histoire et de géographie. L’œuvre, une fois terminée, aurait été l’une des plus grandes et des plus audacieuses de l’époque en France.
Malheureusement, l’arrestation de Fouquet, le 5 septembre 1661, met fin aux travaux dans le château de Vaux-le-Vicomte. Le Brun a tout juste le temps de terminer l’installation des ornements sculptés et doit laisser la coupole vide. Il faut attendre 200 ans pour que Charles Séchant décide de réaliser un ciel peint dans ce décor autrement très monochrome.
![]()
L’architecte Louis Le Vau réalise une pièce ovale, à l’italienne, sous une coupole de près de 18 mètres de haut. © Château de Vaux-le-Vicomte
Mis à part cet ajout de peinture, le Grand Salon ne connaît aucune restauration dans les trois siècles et demi de son existence. Cependant, l’état de la pièce s’est considérablement dégradé : la coupole est lézardée, des fissures et des craquelures apparaissent en de nombreux endroits et la totalité de la surface est fortement encrassée. Après des études préalables réalisées entre 2018 et 2020, les travaux peuvent enfin débuter.
La restauration se fait en trois phases. En premier lieu, les artisans nettoient la coupole, cicatrisent ses fissures et restaurent son ciel peint. Ensuite, ils nettoient les stucs et réparent les supports endommagés en débadigeonnant les décors et en rebouchant les fissures. Enfin, ils réalisent une projection numérique des dessins préparatifs de Le Brun retrouvés et conservés au département des Arts graphiques du musée du Louvre. Pour cela, les dessins sont numérisés, colorisés et projetés sur la coupole. Une gravure de Gérard Audran reprenant les esquisses de Charles Le Brun permet aux conservateurs de replacer les différents objets et personnages de la fresque.
![]()
Après des études préalables réalisées entre 2018 et 2020, les travaux du Grand Salon peuvent enfin débuter. Ici, le nettoyage des stucs. © Collectif images Melun
Les travaux coûtent au total plus de 1,7 million d’euros, dont 15 % seront financés par la région Ile-de-France. Pour le reste, le château a lancé la campagne de mécénat participatif « Volons au secours du Grand Salon », qui a permis de lever plus de 1,4 million d’euros.
Avec un peu de chance, et après le travail acharné de nombreux architectes et restaurateurs, le Grand Salon de Vaux-le-Vicomte devrait rouvrir ses portes fin août 2021 !