La Bretagne au secours de son architecture traditionnelle

Par Juliette Michel

Date de publication : 29/03/2021

Temps de lecture : 3 minute(s)

L’architecture en pan de bois caractérise de nombreuses régions françaises : si l’Alsace et la Normandie en sont les plus représentatives, la Bretagne n’est pas en reste. La région, élève modèle dans le domaine, avait déjà volé au secours de son patrimoine l’année passée en établissant un programme d’aide à la restauration des maisons à pans de bois. Forte de son succès, cette opération est réitérée pour un second volet.

En Bretagne, les maisons de bourg et de centre-ville souffrent. Vidées de leurs occupants, souvent insalubres, parfois laissées à l’abandon, elles font les frais de leur architecture nécessitant un entretien constant et une mise aux normes onéreuse. Malgré leur apparence pittoresque, ces maisons à pans de bois ou colombages sont aujourd’hui difficiles à aménager, jugées trop étroites et plus adaptées au commerce qu’à la vie domestique. C’est pourtant pour leur capacité d’adaptation et leur aspect modulable qu’elles ont été originellement bâties. À la fin du Moyen Âge, les façades en encorbellement facilitaient l’ajout ou la suppression d’un étage, et les assemblages de bois permettaient de remplacer aisément une pièce abîmée. Mais opérer sur des édifices de la sorte aujourd’hui requiert des connaissances précises en matériaux traditionnels et nécessite l’intervention d’un architecte du patrimoine comme d’ouvriers spécialisés ; une démarche aussi longue que coûteuse, souvent délaissée par les communes ou les propriétaires privés.

Un pari accepté par la région Bretagne, qui dévoile le second volet de son opération menée auprès des collectivités territoriales, « Révéler et réinvestir l’architecture urbaine en pan de bois », pour laquelle les candidatures sont ouvertes depuis lundi 15 mars. L’objectif : réaliser un inventaire des demeures concernées, contribuer au financement d’analyses dendrochronologiques – permettant de dater précisément le bois – et mettre en place des diagnostics sanitaires pour évaluer les restaurations nécessaires. La région avait déjà lancé un premier appel à projets en 2020, finançant les diagnostics sanitaires des communes de Malestroit (56), Quimperlé (29), Vitré (35) et de l’agglomération de Quimper Bretagne occidentale (29).

Cette subvention à l’initiative du Conseil régional consiste en un accompagnement personnalisé par le service de l’Inventaire du patrimoine culturel et une aide pécuniaire pouvant aller jusqu’à 50 % du montant du projet. Le second appel à candidatures se clôturera le 28 mai 2021, et la région choisira sur dossier les communes qui bénéficieront de cette subvention. Les critères de sélection sont nombreux : ils prennent en compte le nombre d’édifices concernés au sein d’une même collectivité territoriale, l’intérêt de la datation des édifices, la faisabilité du projet en matière d’accompagnement à l’issue du diagnostic sanitaire… Les candidatures s’annoncent nombreuses et le choix difficile, mais nous ne pouvons que saluer l’initiative, trop rare dans les décisions prises par les régions ! Bravo à la Bretagne qui vole au secours de son patrimoine emblématique.

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