La ferronnerie est un art ancestral requérant force, maîtrise et précision. PAJ a rencontré Mehdi Mallier, maître ferronnier et fondateur de l’atelier Dunod Mallier, pour vous faire découvrir ce précieux savoir-faire.
Mehdi Mallier est compagnon. Grâce à ce véritable tremplin professionnel destiné à transmettre un savoir-faire de génération en génération, il effectue son tour de France à l’âge de 16 ans et se forme au métier de ferronnier d’art. Après sept années d’apprentissage intensif et fort de son expérience, il fonde l’atelier Dunod Mallier, il y a 25 ans. Aujourd’hui, il travaille en équipe, entouré d’un bureau d’étude, d’un chargé d’affaires, de ferronniers et d’apprentis qu’il accueille régulièrement.
Le travail du fer par le feu et la force est une technique immémoriale, dont l’Antiquité avait déjà percé les secrets. Si la forge en elle-même a connu peu de révolutions, les conditions de travail qui l’entourent ont beaucoup évolué. De nos jours, le métier de ferronnier nécessite une étroite collaboration avec les autres professions artistiques : « Nous travaillons majoritairement avec des architectes et des décorateurs qui établissent des dessins d’intention, des esquisses, des plans. En tant qu’artisans, nous essayons de rendre leurs désirs réalisables par notre savoir-faire. »
Cette collaboration, à la fois technique et esthétique, est fréquente entre plusieurs corps de métier : « On apporte des idées nouvelles, des matériaux, des formes… Cela permet d’enrichir le projet et de discuter de ce qui est possible de faire ou pas. » Une fois le projet défini, le bureau d’étude se charge de réaliser les plans de fabrication de façon à ce que les éléments de ferronnerie soient en harmonie avec le reste de l’architecture. Il peut s’agir de portes, de fenêtres, mais aussi de mobilier, de rampes d’escalier en fer forgé ou de parois de douche en laiton chromé.
Sur chaque chantier, de nombreux artisans sont mobilisés dans la création des différents ouvrages. La communication est donc essentielle pour que tous les éléments architecturaux et décoratifs s’accordent correctement. Une fois les plans et schémas validés par l’architecte commence la fabrication en atelier : « Quand nous travaillons le fer, nous le faisons à l’enclume et au marteau. Pour s’assouplir, il doit être chauffé. Nous utilisons un four à gaz, moins polluant et moins contraignant qu’un four à charbon traditionnel. Chaque élément est travaillé au feu et à la main. » Un processus physique qui change en fonction des matériaux exploités : « Avec le bronze c’est différent, nous faisons parfois appel à un fondeur. C’est un processus moins coûteux à produire, bien que le matériau lui-même soit plus onéreux : contrairement au fer, où chaque pièce est unique et taillée manuellement, le bronze peut être dupliqué. »
Malgré une technique traditionnelle, le ferronnier d’art doit également s’adapter aux contraintes modernes et aux besoins des commanditaires, comme en témoigne la porte monumentale réalisée par l’atelier Dunod Mallier et l’architecte Pierre-Hervé Walbaum en 2014. Ce fastueux ouvrage, destiné à l’entrée d’une villa autrichienne, offre un étonnant mélange de ferronnerie et de technologie : une serrure électrique est intégrée à la structure, qui dispose également d’un verre blindé et d’un ferme-porte encastré dans la traverse haute. Les décors en ferronnerie doivent aussi pouvoir s’ouvrir pour faciliter le nettoyage des vitres.
Fabrication en atelier d’une porte monumentale pour une villa particulière de Vienne, en collaboration avec l’architecte Pierre Hervé Walbaum en 2014. © Atelier Dunod Mallier La porte monumentale, d’inspiration classique, présente de nombreux éléments techniques : serrure électrique, verre blindé, ferme-porte… © Atelier Dunod Mallier
Au fil des années, de nouvelles techniques sont venues enrichir ce savoir-faire traditionnel. Parmi elles, la découpe au jet d’eau – qui consiste à propulser de l’eau à très haute pression pour venir frapper et découper la matière placée sur une table de coupe – ou l’électro érosion – qui retire la matière superflue d’une pièce en utilisant des décharges électriques. Les découpes sont ainsi plus nettes et les formes plus précises, un avantage pour les artisans. « Il faut vivre avec son temps. Les nouvelles technologies nous permettent d’innover, de gagner en rapidité et de pouvoir proposer des choses que l’on ne pourrait pas faire à la main. »
L’atelier Dunod Mallier intervient sur des bâtiments privés, parfois classés. Là aussi, les conditions de travail diffèrent et la création cède alors la place à la restauration, nécessitant souvent un travail d’archives. « Nous effectuons des recherches pour retrouver l’aspect original des pièces et effectuer une restauration la plus fidèle possible. Sur les ouvrages classés au titre des Monuments historiques, les éléments de ferronnerie sont en bronze ou en fer. La plupart du temps, on retrouve toutes les pièces d’époque, ou du moins les formes d’origines, ce qui facilite nos recherches. » Exception faite pour les décors en feuillage comportant de nombreux petits éléments qui doivent être retranscrits à l’identique, demandant davantage de documentation. À l’hôtel des Doctrinaires de Lectoure, petite ville du Gers, l’atelier a travaillé main dans la main avec l’architecte versaillais Sébastien Desroches pour imaginer et concevoir l’escalier central de l’édifice en pierre de taille et sa rampe en fer forgé, telle qu’elle aurait été réalisée au siècle des Lumières. Une association judicieuse, au service du patrimoine, entre la créativité de l’architecte et le savoir-faire du ferronnier d’art.
Le métier de ferronnier englobe également la serrurerie traditionnelle, qui comprend le ferrage, le soudage, le rivetage et l’assemblage des différentes pièces. En 2005, l’atelier Dunod Mallier a travaillé en collaboration avec l’architecte Robert Couturier sur une demeure particulière de New-York, pour laquelle ils ont réalisé un imposant bow-window. « Il n’y avait pas d’avancée de fenêtre à cet endroit. Nous avons imaginé et fabriqué une structure en inox complètement intégrée au bâtiment pour pouvoir y accrocher le bow-window, puis un parement en brique est venu recouvrir l’ensemble, de façon à ce que seul le décor en cuivre patiné soit visible. La structure des fenêtres, elle, est en acier. » Les rampes, les balcons et la marquise de cette maison ont également été réalisés par l’atelier.
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