Un partenariat providentiel pour le Chambord lorrain

Par Margaux Delanys

Date de publication : 12/04/2021

Temps de lecture : 3 minute(s)

Le mardi 23 mars dernier, la gestion du château d’Haroué, propriété de la famille Beauvau-Craon, a été transférée au Centre des monuments nationaux (CMN). Un rachat providentiel pour les châtelains, qui pourrait annoncer les prémices d’une nouvelle vision de la protection du patrimoine.

365 fenêtres, 52 cheminées et 12 tours : symbole du temps qui passe, le château d’Haroué est désormais celui du renouveau. Monument emblématique du rattachement de la Lorraine à la France, cette demeure de 82 pièces fut bâtie par l’architecte Germain Boffrand entre 1720 et 1729. Au cœur d’un domaine de 16 hectares, le château était resté dans la famille Beauvau-Craon depuis sa construction.

Malgré son ouverture aux visites, l’imposante bâtisse de Meurthe-et-Moselle demeurait une lourde charge financière pour la famille. En 2007 puis 2016, il s’était vu amputer de certaines pièces de collections et biens mobiliers qui avaient fait sa renommée. Commandes de Louis XVIII pour sa dernière favorite, Zoé Victoire Talon, comtesse du Cayla, le mobilier est l’œuvre d’artisans de renom, parmi lesquels figurent le baron Gérard, Lucien-François Feuchère, Étienne-Joseph Poirier ou Pierre-Antoine Bellangé. Nombre de ces biens furent ainsi rachetés, dont une grande partie par l’État. C’est notamment le cas d’un remarquable ensemble de tapisseries.

Mais les mises aux enchères ne suffisent pas. En octobre 2020, l’actuelle propriétaire des lieux, la princesse Minnie de Beauvau-Craon déclare : « En plein milieu de la crise sanitaire, nous étions presque dans une impasse. »

C’est alors qu’entre en scène le Centre des monuments nationaux. En intervenant dans une demeure habitée, il réalise une première. Cet opérateur, responsable d’une centaine de monuments en France, garantira, sous le contrôle du ministère de la Culture, la préservation du château, son ouverture à la visite et l’assurance que ce patrimoine d’une exceptionnelle richesse restera français.

« Il a fallu de longues années pour que nous nous rendions à l’évidence. Il a fallu aussi du réalisme sur nous-mêmes, et sur nos limites » confie l’héritière, dans un entretien accordé au Figaro. À partir de juin 2021, le rez-de-chaussée, l’aile centrale du château et les jardins seront donc ouverts à la visite. Minnie de Beauvau-Craon et ses enfants en conserveront l’usufruit et continueront d’habiter au château.

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