JO 2024 : défendre les jardins ouvriers des Vertus

Par Margaux Delanys
Photographies de Clémentine Mortier

Date de publication : 22/04/2021

Temps de lecture : 3 minute(s)

Au fort d’Aubervilliers, 4 000 mètres carrés de jardins ouvriers sont sur le point d’être détruits, au profit d’un centre d’entrainement aquatique dédié aux Jeux olympiques de 2024. Jardiniers, riverains et sympathisants se sont réunis ce samedi 17 avril pour défendre les parcelles et dénoncer la « réintoxification du monde ».

« Des potirons, pas du béton ! » peut-on lire sur les banderoles portées par les manifestants ce samedi. Ensemble, ils ont déambulé dans les rues d’Aubervilliers pour défendre les jardins ouvriers des Vertus. Si des opérations urbanistiques comme le prolongement de la ligne de métro n° 7, la création du parking d’intérêt régional (PIR) ou la gare routière avaient progressivement grignoté l’espace vivrier d’Aubervilliers, les Jeux olympiques de Paris laissent présager une nouvelle menace. Dix-huit parcelles doivent ainsi disparaître, cédant leur place à un solarium. Ce mardi 13 avril, les engins de Grand Paris Aménagement ont, pour la première fois, foulé le sol des jardins, annonçant une première étape dans la bétonisation du terrain.

Les jardins ouvriers sont pourtant cultivés depuis 1935, date de la création de la Société des jardins ouvriers des Vertus. Terrains de solidarité où le troc est monnaie courante, outils d’apprentissage du respect de l’environnement mais aussi espace à soi : chaque lopin de terre est le témoin du mode de vie et de la personnalité de son jardinier.

La cabane y est décorée et, si l’essentiel du terrain est consacré aux cultures vivrières, on aperçoit encore, aux détours d’une allée, un parterre de tulipes. Les jardins ouvriers des Vertus abritent aujourd’hui quelques 22 espèces protégées parmi lesquels figurent des insectes polinisateurs, des oiseaux, sans oublier notre hérisson d’Europe !

Pour lutter contre cette « réintoxification du monde », un collectif d’habitants et de jardiniers s’est constitué. Une pétition rassemble déjà plus de 65 000 signatures et un site internet documente les différentes annonces, parfois contradictoires, des aménageurs publics.

Cette lutte pour une écologie populaire qui prend racine à Aubervilliers interroge notre rapport à une alimentation de proximité et auto-organisée, tout comme celui d’un droit à prendre la parole sur les modalités de production et d’organisation de nos villes.

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