Démolir plutôt que réaffecter : coup de grâce pour le patrimoine militaire

Par Margaux Delanys

Date de publication : 06/05/2021

Temps de lecture : 3 minute(s)

À Verdun, dans la Meuse, et dans le Loiret à Montargis, deux casernes de la fin du XIXe siècle sont condamnées à un sort similaire.

PAJ avait déjà attiré votre attention sur l’une d’elle, la caserne verdunoise de Miribel. Bâtie en 1893, elle avait notamment abrité le 3e régiment d’artillerie de marine. Épargnée des bombardements de la Première Guerre mondiale, elle a conservé ses trois bâtiments, dont un mansardé, se dressant au cœur d’un parc arboré. La seconde caserne, celle de Gudin, nom d’une illustre famille militaire, a notamment accueilli le 89e régiment d’infanterie de ligne.

Malgré leur intérêt historique et la conservation de leur qualité architecturale, toutes deux sont vouées à disparaître.

Un funeste processus les rassemble : acquises par leur mairie, respectivement en 1995 pour Miribel et 2018 pour Gudin, les casernes sont laissées à l’abandon. Par la suite, elles font l’objet d’appels à projets qui n’aboutissent pas. En 2018 et 2019, les projets immobiliers du bailleur social le Foyer rémois et de l’agence Nexity sont acceptés par les municipalités. Toutes deux ont vendu les casernes pour un euro symbolique.

Les opérations de désamiantage de la caserne de Miribel et autres préparations à la démolition ont débuté. La caserne de Gudin, elle, s’offre un court répit. Les travaux préparatoires ont été ralentis suite à un recours déposé par l’association Engagement citoyen pour le Montargois contre ledit permis de construire (entendez permis de démolir).

Faut-il détruire pour redynamiser les villes ? Anthony Koenig, membre de Maisons paysannes de France et ancien délégué de la Meuse le déplore : « On essaie de sauver les casernes quand on le peut mais je pense que, malheureusement, c’est un patrimoine très mal-aimé, mal connu et mal réutilisé. » À cela s’ajoute, selon lui, des procédures de protection d’urgence trop faibles et difficiles d’accès, puisque seule la ministre de la Culture est habilitée à intervenir. « Face au démolitions, il y a trop peu de garde-fous » conclut-il.

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