Mode et art de vivre des années folles au palais de l’Art déco 

Par Margaux Delanys

Date de publication : 12/05/2021

Temps de lecture : 6 minute(s)

Le 5 juin prochain, et jusqu’au 19 septembre 2021, le palais de l’Art déco de Saint-Quentin (Aisne) ouvrira ses portes pour une exposition sur l’art de vivre des années folles. Une formidable occasion de redécouvrir l’intérieur du bâtiment, fermé au grand public depuis 60 ans.

L’Art déco à Saint-Quentin : l’expression d’un renouveau

Détruite à près de 70 % durant la Première Guerre mondiale, la ville de Saint-Quentin, dans la région des Hauts-de-France, se reconstruit au travers d’un nouveau style architectural qui lui donnera sa physionomie actuelle : l’Art déco. Rues, places et quelque 3 000 monuments consacrent ainsi cet Art déco saint-quentinois, faisant de la ville un musée à ciel ouvert.

Consciente de la richesse de son patrimoine Art déco, la municipalité, engagée dans une politique volontariste de protection et de valorisation de son patrimoine, a permis la restauration de nombreux bâtiments de l’époque dont le buffet de la gare et les luminaires du conservatoire. Les travaux de la gare et de son buffet, achevés en 2017, ont ainsi mobilisé le savoir-faire des métiers d’art du lycée des métiers de l’ameublement à travers la réalisation de tables identiques à celles de la période Art déco.

Une cathédrale du commerce devenue palais de l’Art déco

Classée Ville d’art et d’histoire, Saint-Quentin accueille l’un des temples du commerce des années folles : le grand magasin. Cette forme de commerce, apparue dans les centres-villes au XIXe siècle, rassemble en un vaste bâtiment de plusieurs étages un large assortiment de produits.

Détruit lors de la Grande Guerre, le magasin dit des « Nouvelles Galeries » de Saint-Quentin est reconstruit en 1922, à la demande de Pierre Delherme et sous l’égide de l’architecte parisien Sylvère Laville. Ce dernier inaugure dans la ville picarde l’une des premières réalisations Art déco. C’est en effet trois ans plus tard, en 1925, que se tiendra l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, entérinant le succès de ce nouveau style.

Cette « cathédrale du commerce » renferme l’ensemble des codes de ce nouveau style : structure en béton, pilonnes en stuc décorés suivant des inspirations néo-égyptiennes, multiples références au cubisme… Son intérieur atteste alors d’une revanche de la raison sur les sentiments, de la géométrie sur les volutes et formes organiques d’hier, qui faisaient la substance de l’Art nouveau.

Une immersion dans les pratiques de consommation des années folles

L’exposition « Le grand magasin. Mode et art de vivre des années 1920/1930 » propose à ses visiteurs de plonger dans l’atmosphère des années folles. Divisée en trois sections, elle se conçoit comme une véritable immersion dans les pratiques de consommation de l’époque. Si les loisirs sont mis à l’honneur avec des jouets des musées de Moirans-en-Montagne et de Poissy ainsi qu’un uniforme d’enfant de La Samaritaine, le cœur de l’exposition se consacre à la mode : sacs à main et éventails aux mille couleurs sauront nous imprégner de l’air de ce temps.

En 1926, dans les pages de la revue Art, Goût, Beauté, le couturier Lucien Lelong déclarait : « Mes efforts actuels tendent à orienter la Mode vers une esthétique raisonnée, analogue à celle qui régit l’art contemporain. »

Mais quelle esthétique ? Une jeune femme longiligne en robe tubulaire, un chapeau cloche couvrant ses cheveux courts : voici l’image d’Épinal des années folles. Les robes souples et près du corps débarrassent les femmes de leur corset, inadapté à la vie active que mène un certain nombre d’entre elles depuis la guerre. Des vêtements pour une vie animée qui semblent traduire l’avènement d’un nouveau mode de vie.

Mais la libération charrie avec elle son lot de nouvelles contraintes. « Pour s’en tenir à la mode promue par les revues comme celle du plus grand nombre, force est de tempérer l’idée d’une confusion des genres […] La période voit d’ailleurs, selon Myriam Juan, la multiplication des bijoux et des accessoires, tout comme l’usage d’un maquillage plus soutenu et de parfums dont certains, à l’instar du N° 5 de Chanel, créé en 1921, existent encore de nos jours. »

L’exposition au palais de l’Art déco, c’est aussi l’art populaire que les foyers ont accueillis dans leur quotidien. Contrairement au commerce de détail, les prix des grands magasins se révèlent attractifs et l’offre est diversifiée. Vaisselle, objets décoratifs ou ameublement font partie de cette offre abondante.

Pour en apprendre davantage sur les années folles, nous vous recommandons l’ouvrage, paru cette année, de Myriam Juan, Les Années folles, Que sais-je ?, 128 pages, 9 €.

« Le grand magasin. Mode et art de vivre des années 1920/1930 »
Du 5 juin au 19 septembre 2021
Anciens magasins des Nouvelles Galeries
14, rue de la Sellerie
, 02100 Saint-Quentin

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