Célébrons le déconfinement de la culture : expositions et lieux à visiter

Par Isabella Loconte

Date de publication : 21/05/2021

Temps de lecture : 12 minute(s)

Pendant ces longs mois d’arrêt forcé, les institutions ont achevé de grands chantiers, soigné leurs collections et peaufiné leur programme culturel. Nous vous proposons une sélection de nouveaux lieux et expositions à découvrir, et d’autres à retrouver, à Paris et ailleurs, pour cette réouverture tant attendue !

À Paris :

La Bourse de Commerce – Pinault Collection

L’homme d’affaires et passionné d’art contemporain François Pinault caressait depuis longtemps l’idée d’ouvrir un espace rassemblant une partie de sa collection dans la capitale, a-t-il confié à France Inter. Le mécène n’a donc pas hésité à réhabiliter le bâtiment de la Bourse de Commerce. L’architecte en chef des monuments historiques Pierre-Antoine Gatier a relevé le défi da sa restauration et le japonais Tadao Ando, celui de sa transformation en musée. C’est notamment par la création d’un cylindre en béton que ce dernier, tout en respectant le bâtiment classé, a modernisé son intérieur et l’a subdivisé en multipliant les espaces d’exposition. La cohabitation du nouveau et de l’ancien crée une atmosphère chargée d’une tension inspirante. Les sculptures monumentales en cire de Urs Fischer, les œuvres radicales du mystérieux David Hammons, les peintures spectrales de Miriam Cahn… La collection Pinault rassemble un grand nombre d’artistes internationaux, reconnus ou émergents, qui ont en commun la volonté d’explorer tous les territoires de la création et celle de s’ancrer dans la spécificité de notre temps, pour mieux comprendre et saisir notre époque.

Ouverture le 22 mai. Rendez-vous sur le site du musée pour réserver votre visite.

L’hôtel de la Marine

Monument emblématique de la place de la Concorde, l’hôtel de la Marine – qui abrita le Garde-Meuble de la Couronne jusqu’en 1798 – se dévoilera enfin aux Parisiens au début du mois de juin. La restauration du chef d’œuvre de l’architecte Ange-Jacques Gabriel, menée par le Centre des monuments nationaux (CMN) depuis 2017, est remarquable. L’objectif : restituer, grâce aux inventaires du mobilier du Garde-Meuble, l’atmosphère du XVIIIe siècle dans les anciens appartements de l’intendant. Ses restaurateurs parlent du « miracle de la Marine » : ceux qui l’ont occupé pendant environ 200 ans ont tout conservé. Sous les couches de peinture récente, les décors d’origine ont été retrouvés et restaurés avec le plus grand soin. Et rien n’a été laissé au hasard : recours aux matériaux et techniques de l’époque, restitution du mobilier d’origine, création d’ambiances… Un chantier exceptionnel qui a mobilisé les meilleurs artisans d’art !

Ouverture en juin. La billetterie en ligne sera disponible prochainement.

Musée Carnavalet 

Après 4 ans de travaux, le plus ancien musée de Paris rouvrira ses portes le 29 mai. Dédiée à l’histoire de la ville, cette institution a fait peau neuve afin de s’imposer comme un lieu incontournable du paysage culturel. La méticuleuse restauration a magnifié l’architecture existante et la création de grands escaliers a donné un nouveau souffle aux espaces intérieurs. L’expérience de visite a aussi été renouvelée par la création de deux nouvelles salles d’introduction présentant les symboles de Paris, ses données-clés, ainsi que l’histoire de la fondation du musée et de ses donateurs. De plus, un café-restaurant donnant sur les jardins a été aménagé afin de faire du musée un lieu de vie accessible à tous. Le parcours traversant les deux hôtels qui constituent le musée, et qui comptent parmi les plus beaux du Marais, nous fait ainsi découvrir les personnalités et les événements qui ont marqué l’histoire de la capitale. Pour sa première exposition temporaire après réouverture, prévue pour le 15 juin, le musée Carnavalet mettra en lumière l’importance de Paris dans la vie et l’œuvre du grand photographe français du XXe siècle, Henri Cartier-Bresson. Influencé par Eugène Atget et les artistes surréalistes, Henri Cartier-Bresson a immortalisé la capitale lors de ses flâneries comme dans le cadre de reportages pour la presse internationale.

Ouverture le 29 mai. « Henri Cartier-Bresson – Revoir Paris », du 15 juin au 31 octobre 2021. Rendez-vous sur le site du musée pour réserver votre visite.

Cité de l’architecture et du patrimoine : « Jean Tschumi, architecte »

La Cité de l’architecture et du patrimoine propose une rétrospective du parcours du grand architecte Jean Tschumi (1904-1962), à la suite de la donation exceptionnelle de plus de 300 dessins par de son fils. Assez peu connu en France, Jean Tschumi est considéré comme l’un des architectes les plus complets du XXe siècle. Sa carrière s’envole après la Seconde Guerre mondiale, quand il commence à travailler pour le groupe pharmaceutique Sandoz, pour lequel il conçoit des laboratoires à Orléans et Noisy-le-Sec. Plus tard, il s’affirme comme l’un des principaux acteurs de l’architecture corporate en Suisse. En effet, il a réalisé les sièges de grandes sociétés telles que Nestlé et l’Assurance mutuelle vaudoise, ainsi que celui de l’OMS à Genève. Il s’agit d’édifices modernes inspirés des modèles américains, alliant confort et fonctionnalité. Ces réalisations témoignent d’une vision de l’architecture comme un art total, orchestrant décor, mobilier, lumière et paysage afin de tendre vers une forme de perfection. Au travers des centaines de dessins, croquis et photographies, le spectateur peut découvrir l’univers de ce grand architecte, à la fois décorateur et bâtisseur.

Deux autres expositions ont été prolongées jusqu’au 5 juillet, « Paris 1910-1937. Promenades dans les collections Albert-Kahn » et « Kinshasa Chroniques », qui invite à découvrir la richesse de la capitale congolaise à travers le regard intime et novateur de 70 artistes natifs.

Réouverture depuis le 19 mai. Rendez-vous sur la billetterie en ligne pour réserver votre visite.

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Pavillon de l’Arsenal : « Histoire naturelle de l’architecture »

Si vous n’aviez pas eu l’occasion de la voir en octobre, vous pourrez découvrir la passionnante exposition « Histoire naturelle de l’architecture », à partir du 26 mai au Pavillon de l’Arsenal. Nous lui avions déjà consacré un article, mais comment ne pas rappeler l’intérêt et la pertinence de cette exposition qui évoque la vocation originelle de l’architecture : celle de nous fournir un abri pour nous protéger physiquement. En effet, étant profondément liée aux enjeux politiques, sociaux et culturels, cette discipline finit souvent par être détachée « des raisons physiques, climatiques ou sanitaires qui l’ont fondée ». Cette exposition est alors l’occasion de redécouvrir les fondamentaux de l’architecture ainsi que l’évolution de ses techniques dans le temps. Comment les matériaux ont-ils évolué ? Comment le climat, les épidémies et l’énergie ont façonné l’apparence et la structure de la ville ? Ses interrogations mettent en lumière des motivations et des liens essentiels autant qu’inattendus. Une réflexion pour « mieux construire demain face à l’urgence climatique et aux nouveaux défis sanitaires ».

Réouverture le 26 mai.

Ailleurs :

LaM de Villeneuve-d’Ascq

Situé à 20 minutes de Lille, et installé au cœur d’un remarquable parc de sculptures, le LaM est une institution culturelle rayonnante. Proposant des collections d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut, le musée offre un panorama inédit de l’art des XXe et XXIe siècles. Deux expositions, inaugurées avant le confinement, sont encore à découvrir, et deux autres viennent d’être lancées pour la réouverture du 19 mai. « Giorgio Griffa. Merveilles de l’inconnu » propose de (re)découvrir une figure majeure de la scène artistique italienne. Grâce à une centaine de toiles et dessins, la plupart jamais exposés, l’exposition dévoile une grande partie de la production de cet artiste mystérieux. Par un geste radical et néo-avant-gardiste, ses œuvres, sur papier ou toiles libres, sont réduites à leurs composants fondamentaux : le support, la touche et la couleur. Des signes poétiques et colorés deviennent un langage universel, rythmé par la récurrence des formes.

Parallèlement à cette exposition, le LaM propose de découvrir l’artiste argentin Guillermo Kuitcale et son travail « protéiforme et construit en dialogue avec différentes langues picturales ». De même, les expositions remarquables de Laure Prouvost « Vois ce bleu profond te fondre » et « Les Secrets de Modigliani » sont toujours au programme.

Réouverture depuis le 19 mai.

L’hôtel de Caumont à Aix-en-Provence

L’hôtel de Caumont, l’un des plus beaux hôtels particuliers d’Aix-en-Provence, classé au titre des Monuments historiques, abrite depuis 2015 un centre d’art. Situé dans le quartier Mazarin, ce lieu, avec sa cour d’honneur, ses jardins et ses salons historiques, évoque l’atmosphère raffinée du XVIIIe siècle. Du 19 mai au 10 octobre 2021, le centre accueillera une exposition dédiée au célèbre artiste chinois naturalisé français Zao Wou-Ki (1920-2013), exposition intitulée « Il ne fait jamais nuit ». Près de 80 œuvres provenant de collections publiques et privées ont été exceptionnellement rassemblées. Cet ensemble restitue le travail sur un des grands thèmes de création de l’artiste : l’invention d’un nouvel espace pictural constitué de couleur et de lumière. Les huiles sur toile, les aquarelles et les encres de Chine sur papier exposées témoignent de l’effort de représentation de ce que l’artiste appelait « l’espace du dedans ».

Réouverture depuis le 19 mai. « Il ne fait jamais nuit », du 19 mai au 10 octobre 2021.

Le musée d’Arts de Nantes

Le musée d’Arts de Nantes, un bâtiment inscrit au titre des Monuments historiques, a réouvert ses portes au public le 19 mai. Ce bâtiment est un écrin mariant l’architecture d’hier et d’aujourd’hui, et sa structure reflète les collections du musée, où passé et présent dialoguent subtilement au fil des galeries.

La réouverture du musée coïncide avec l’inauguration de l’exposition « Hypnose » qui explore, pour la toute première fois, l’histoire culturelle de l’hypnotisme, de Mesmer à aujourd’hui. Tous les arts y sont conviés : peinture, sculpture, cinéma, installation, performance… Cette exposition se déroule premièrement dans le Cube, un bâtiment annexe au musée entièrement dédié à l’art contemporain. Ici, un parcours historique et artistique retrace l’évolution de l’hypnotisme et l’omniprésence, délibérée ou inconsciente, de l’hypnose dans le champ de la création. Ceci à travers la convocation et l’analyse des œuvres des célèbres Gustave Courbet, Marcel Duchamp, André Breton ou encore de Salvador Dalí ou de Fritz Lang. Le parcours se termine dans la chapelle de l’Oratoire, où l’artiste américain Tony Oursler, virtuose de l’installation fantasmagorique, plonge le spectateur dans une expérience immersive. L’installation spécialement conçue pour l’exposition est constituée d’une douzaine d’œuvres où sculpture et art vidéo interagissent. De multiples références visuelles à l’histoire de l’hypnotisme sont mêlées à des représentations des angoisses contemporaines liées à l’emprise des technologies numériques.

Réouverture le 19 mai. Réservez votre créneau via la billetterie en ligne du musée.

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