Cordouan, « Versailles de la mer », candidat à l’Unesco

Par Isabella Loconte

Date de publication : 09/06/2021

Temps de lecture : 5 minute(s)

Au large des côtes de Royan, au milieu du plus ample estuaire d’Europe, celui de la Gironde, s’érige une tour blanche et majestueuse. Le phare de Cordouan est un monument extraordinaire : âgé de 400 ans, il est le plus ancien de France encore en activité et le deuxième au monde après celui de Gênes. Sa candidature au patrimoine mondial de l’Unesco a été présentée en 2016 : le verdict tant attendu sera dévoilé cet été.

L’aventure royale du phare de Cordouan commence en 1611, année de sa mise en service sous Henri IV. Celle qui était, au XIVe siècle, une tour à feu allumée chaque soir par un ermite renaît de ses ruines après 27 ans de travaux, sous l’aspect d’un phare somptueux, paré de sculptures et de boiseries. Cordouan devient un symbole du pouvoir royal, ce qui lui vaut aujourd’hui le surnom de « Versailles de la mer » ou de « roi des phares, phare des rois ». Doté d’un portail monumental, d’un vestibule et d’un appartement réservé au Roi, puis plus tard de la salle du troisième étage, dite des Girondins, il reste aujourd’hui le phare le plus richement orné au monde, un vrai « palais dans la mer ».

Une autre pièce, située au deuxième des six étages du monument, confère à Cordouan son caractère unique : la chapelle. Il s’agit de la seule au monde à être installée dans un phare en pleine mer. L’édifice dépasse ainsi de différentes façons la simple fonction utilitaire et s’inscrit dans un discours politique visant à matérialiser non seulement la puissance et la richesse du monarque, mais aussi sa conversion, promouvant le catholicisme à la sortie des guerres de religion.

Outre la prouesse architecturale, Cordouan est le terrain d’innovation rêvé des ingénieurs. En 1823, Augustin Fresnel y expérimente sa lentille à échelons qui révolutionne le système d’éclairage des phares et qui est aujourd’hui le système de signalisation maritime le plus utilisé au monde. L’intérêt de ce monument est reconnu depuis 1862, année où il est classé au titre des Monuments historiques, en même temps que Notre-Dame de Paris.

De grands défis de sauvegarde résultent de l’exploit d’avoir construit, au sein d’un environnement maritime inhospitalier, un édifice artistiquement ambitieux. Un vaste programme de restauration a débuté il y a plus de 15 ans et est aujourd’hui sur le point de s’achever. Depuis 2005, un bouclier en béton a été construit pour protéger le côté ouest du phare, et l’extérieur a été restauré, notamment par le remplacement des pierres ayant été rongées par le sel. Les travaux de restauration de l’intérieur, de l’appartement du Roi, de la chapelle et de ses vitraux, viennent d’être terminés. Il s’agit d’une entreprise d’envergure, pour laquelle les gardiens (les derniers à vivre dans un phare à l’année !) ont reçu des compagnons maçons, sculpteurs et tailleurs de pierre, qui ont travaillé sans relâche sur le site, ne retrouvant la terre que le week-end.

Ce monument unique, dans lequel l’État et les départements de la Gironde et de la Charente-Maritime ont tant investi, incarne le génie créateur des hommes et les grandes phases de l’histoire des phares. C’est pourquoi la France a présenté en 2016 sa candidature au patrimoine mondial de l’Unesco. Actuellement entre les mains des experts internationaux, la commission de labellisation des sites de l’Unesco se réunira en Chine du 3 au 5 juillet 2021 pour dévoiler les résultats.

Pour en savoir encore plus sur « le roi des phares, le phare des rois » et pour soutenir la candidature, c’est par ici !

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