La villa E-1027 est de nouveau ouverte

Par Margaux Delanys

Date de publication : 12/08/2021

Temps de lecture : 3 minute(s)

À Roquebrune-Cap-Martin, la villa « en bord de mer » où ont vécu Eileen Gray et Jean Badovici a rouvert au public après un long travail de restauration. Depuis le 4 juin, des visites guidées ont lieu tous les jours de la semaine.

Cette villa presque centenaire vient de retrouver l’atmosphère de ses premiers jours. Pendant six ans, un paysagiste et quatre architectes ont œuvré pour la villa d’Eileen Gray suivant un même dessein : rendre les lieux tels qu’ils étaient à leur construction, en 1929.

Eileen Gray, architecte-designer irlandaise, construit cette maison pour son amant, l’architecte Jean Badovici. Les initiales de la demeure sont d’ailleurs la combinaison de celles du couple : « E » pour Eileen, 10 pour le « J » de Jean, 2 pour le « B » de Badovici et 7 pour le « G » de Gray.

Conçue initialement comme un « refuge » pour les amants, la villa de la Riviera prend des airs de navire. Les voiles de la « grande pièce » du premier étage masquent la vue des arbres du jardin en contrebas. La vue sur la mer est imprenable et l’ouverture ressemble à s’y méprendre à l’étendue observée depuis un hublot. Sur le toit, c’est l’escalier qui se métamorphose et devient une cheminée de paquebot. « Évidement les couleurs, le bleu, le blanc, tout ça aussi c’est l’esprit marin » note Renaud Barrès, l’un des architectes en charge de la restauration de la villa.

Une « villa manifeste »

La villa E-1027 incarne la vision de son architecte. Critique du Mouvement moderne, Eileen Gray conçoit l’habitat comme un espace vivant. « L’homme n’est pas un pur esprit. Et quand on voit ces grandes constructions aux lignes unies et surtout ces intérieurs où tout semble répondre à un strict et froid calcul, on se demande si l’homme pourrait se satisfaire d’y demeurer… Il fallait se dégager d’une tendance dont les échecs sont patents, et chercher à créer une atmosphère intérieure en harmonie avec les raffinements de la vie intime moderne » écrit le couple, en commentant les plans de la villa.

Le travail de restauration se devait d’être total : le mobilier, les décors et les luminaires, indissociables des fondations de la villa, ont été réintégrés dans leur ensemble. Les tapis, réalisés par Eileen Gray ont été reproduits à l’identique, suivant les photographies de l’époque. Taille, matière, épaisseur : toutes les caractéristiques ont été respectées pour retrouver les jeux d’échelle et de profondeurs initiaux.

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