Plein les yeux #14 : le château de Meung-sur-Loire

Par Diane Mendoza

Date de publication : 12/11/2021

Temps de lecture : 4 minute(s)

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Étendu sur sept hectares, le domaine du château de Meung est niché dans le centre-ville de la commune de Meung-sur-Loire. À 17 kilomètres d’Orléans, dans le Loiret, ce monument édifié au début du XIIIe siècle fut la résidence des évêques d’Orléans jusqu’à la Révolution française.

Au milieu du XIIe siècle, un premier château est construit sur l’emplacement d’un cloître de chanoines. Les travaux pour élever une bâtisse plus importante commencent à partir de 1209 à quelques mètres de l’ancien château, alors abandonné. Témoins de cette construction, la salle des gardes, la salle basse, les souterrains et les caves subsistent encore.

De nombreuses personnalités visitèrent le monument, notamment Jeanne d’Arc. Le château est transformé en forteresse anglaise par John Talbot pendant la guerre de Cent Ans. Après sa victoire à Orléans, Jeanne d’Arc délivre l’édifice de l’emprise anglaise.

Le château est abandonné une seconde fois, au moment des guerres de Religion, et reste désert pendant presque deux siècles. En 1706, l’évêque Fleuriau d’Armenonville initie finalement des travaux afin de transformer le château en résidence d’agrément. Une cour d’honneur bordée de pavillons d’angle remplace la partie centrale et les façades sont rhabillées selon le style classique.

Les souterrains, qui ont servi de prison et dont le plus célèbre prisonnier fut le poète François Villon (1431-1463), font la particularité du château de Meung-sur-Loire. À l’été 1461, le poète est enfermé pour une raison que l’on ignore. Emprisonné quatre mois, il recouvre finalement la liberté lorsque Louis XI fait son entrée à Meung-sur-Loire. À cette occasion, quelques captifs n’ayant pas commis de délit trop graves sont relâchés.

Surnommé « château aux deux visages » en raison de ses deux façades, l’une médiévale et l’autre classique, la demeure est considérablement modifiée et agrandie jusqu’à la Révolution. À partir de 1771, l’évêque Louis-Sextius Jarente de La Bruyère continue l’œuvre débutée par Fleuriau d’Armenonville. Ce premier investit toute sa fortune pour recréer un petit Versailles. Le parc est aménagé à l’anglaise, une orangerie et une glacière y sont installées, une rivière artificielle est construite ainsi qu’une chapelle de style néoclassique décorée de statues de François Delaistre.

Le château conserve de ses heures de gloire de superbes éléments d’architecture comme l’escalier à vis, le salon à parquet Versailles, le souterrain et la salle d’eau des évêques datant du XVIIIe siècle.

Le bâtiment est racheté à la Révolution par Jacques-Jean Le Couteulx du Molay, l’un des fondateurs de la Banque de France. Depuis quelques années, la demeure privée, classée au titre des Monuments historiques, est ouverte à la visite. Les visiteurs sont invités à découvrir, à travers les 20 pièces meublées, plus de 2 000 objets, certains tombés dans l’oubli, témoignant de l’ingéniosité humaine.

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