Plein les yeux #17 : le musée de La Piscine de Roubaix

Par Diane Mendoza

Date de publication : 03/01/2022

Temps de lecture : 4 minute(s)

Afin de pouvoir continuer à vous émerveiller et à vous cultiver où que vous soyez, VMF et PAJ vous proposent des visites virtuelles de lieux d’exception. Le patrimoine vient à vous !

La Piscine, ou musée d’art et d’industrie André-Diligent, est un bâtiment emblématique du début du XXe siècle. L’édifice a su s’inscrire dans la mémoire collective roubaisienne, de par son rôle social notable, mais aussi par sa fameuse conversion en musée au cours du XXIe siècle.

Le projet de création d’un établissement de bain est initié par Jean-Baptiste Lebas, maire de Roubaix depuis 1902, et Albert Baert (1863-1951), architecte lillois connu pour son travail avec les établissements de bains de Lille et les bains municipaux de Dunkerque. Ce dernier a pour mission de faire de l’établissement « la plus belle piscine de France ».

Dans un style Art déco, le bâtiment paraît être un temple luxueux consacré au culte du corps. Une multitude de services tels qu’une buvette, une salle de sport ou encore un solarium sont accessibles et organisés autour d’une cour intérieure. Le bâtiment évoque le modèle des abbayes cisterciennes. Les salles de bains, qui se répartissent sur deux étages en petites cellules, sont comparables à des baptistères. Dans la nef, à l’est, s’étend le bassin olympique de 50 mètres de long ; en surplomb, de grandes fenêtres en arc sont percées sur les côtés. Les vitraux de chaque extrémité du bassin, symbolisant le lever et le coucher du soleil, sont comparables à des rosaces qui éclairent la nef. Enfin, les cabines de déshabillage entourant le bassin ne sont pas sans rappeler les cellules monastiques.

L’architecture abbatiale du bâtiment se démarque dans une architecture de ville industrielle. Sa façade, rue des Champs, se distingue de l’architecture environnante par sa hauteur et son inspiration néobyzantine. La piscine attire, d’une part, pour son architecture et son utilité, d’autre part, pour ce qu’elle représente. Ouverte au public en octobre 1932, l’édifice reflète les préoccupations hygiénistes de l’époque. La politique socialiste cherche à pallier aux conditions insalubres des courées où vivent les populations ouvrières. Cet édifice représente donc le symbole du progrès social dans une ville qui s’impose sur le marché international de l’industrie textile. Bien que la fracture sociale soit encore nette entre la classe ouvrière et les familles du patronat, logées dans des villas ou des châteaux urbains à l’image de ceux encore présents sur le boulevard du général de Gaulle, la piscine participe au brassage des populations roubaisiennes. En effet, elle devient un lieu où se côtoient les familles d’ouvriers et du patronat, et ce, sur plusieurs générations.

En 1998, le chantier de réhabilitation de la piscine commence afin de transformer les lieux en musée. Cette transformation en tant qu’établissement culturel a la volonté de conserver l’âme du lieu ainsi que sa fonction sociale. Le bâtiment est agrandi afin d’accueillir, entre autres, les collections beaux-arts, des expositions temporaires et sur l’histoire de Roubaix. Par exemple, l’ancienne buvette devient le restaurant du musée et la boutique s’installe dans le décor de la salle des filtres. Lorsque le musée ouvre ses portes, en 2001, il connait un succès de grande ampleur et, en 2009, La Piscine obtient l’appellation « musée de France ».

Découvrez notre article sur les Amis de la Piscine dans le prochain numéro VMF consacré au Nord, disponible le 4 janvier 2022, en kiosque et sur la boutique des VMF.

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