C’est beau une ville la nuit #3 : le numéro 67 du boulevard Raspail

Par Aliénor Harzo

Date de publication : 20/01/2022

Temps de lecture : 3 minute(s)

Loin des sentiers battus, des traditionnelles et trop connues illuminations parisiennes, PAJ vous emmène à la découverte d’éclats plus subtils qui réchauffent ces longues et froides soirées d’hiver. Une balade au cœur de la nuit, « l’œil et l’esprit grands ouverts au vif de la ville » (Richard Bohringer, C’est beau une ville la nuit, 1988).

Troisième arrêt, cette fois-ci dans le 6e arrondissement de Paris, au numéro 67 du boulevard Raspail.

Amis noctambules, nous nous trouvons devant un imposant immeuble Art déco en pierre de taille. Si la lumière du vestibule d’entrée est éteinte, le flâneur non initié passera son chemin, jetant peut-être simplement un regard aux bas-reliefs qui encadrent la porte ou, s’il lève un peu la tête, aux bow-windows qui scandent la façade.

En revanche, le promeneur averti, féru d’architecture ou simple curieux, guettera le moment où les jolies appliques à volutes du hall s’allumeront, laissant apparaitre un décor de marbre et de mosaïques. Mais surtout, il apercevra enfin, à travers la porte vitrée et sa délicate ferronnerie ouvragée, un magnifique vitrail éclairé au fond du vestibule.

Dans les tons bleu et doré, en harmonie avec le décor raffiné du hall (marbre, clous dorés, frise de mosaïques bleues), le vitrail aux formes géométriques est une délicieuse surprise. Si cet ouvrage inattendu n’est pas signé, l’immeuble, lui, est l’œuvre de l’architecte Léon Tissier (1876-1943), qui, semble-t-il, l’aurait construit pour son frère, un médecin, en 1913.

Diplômé de l’École spéciale d’architecture en 1895, élève de Paul Laynaud puis de Gustave Raulin, Léon Tissier entre à l’École des beaux-arts en 1897. Diplômé en 1910, il est notamment connu pour avoir réalisé, en 1928, l’École nationale supérieure de l’Aéronautique (Paris 15e). Tissier, dans ses réalisations, donne une place importante à la sculpture et à la ferronnerie ouvragée. Boulevard Raspail, le ferronnier ayant réalisé la porte d’entrée serait un certain Adalbert Szabo (1877-1961). Comme nombre d’architectes, il s’entoure sur ses différents chantiers des mêmes artistes. Ainsi, il fait appel, pour l’immeuble du boulevard Raspail, puis pour le bâtiment de l’aéronautique, au sculpteur Henri Bouchard (1875-1960).

Né à Dijon, Henri Bouchard entre aux Beaux-Arts de Paris en 1895, obtient le Premier Grand Prix de Rome en 1901 et reçoit sa première commande de l’État en 1907. En 1924, il se fait construire un atelier dans le quartier d’Auteuil, qui devient ensuite le musée Henri Bouchard. Fermé en 2007, les collections ont été transférées au musée de La Piscine, à Roubaix, où l’atelier est remonté à l’identique.

Teaser. Dans une semaine, pour notre prochain arrêt, il sera question de la deuxième plus haute horloge du monde…

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