Plein les yeux #19 : la Bourse du travail de Bordeaux

Par Diane Mendoza

Date de publication : 31/01/2022

Temps de lecture : 4 minute(s)

Afin de vous émerveiller et de vous cultiver où que vous soyez, VMF et PAJ vous proposent des visites virtuelles de lieux d’exception. Le patrimoine vient à vous ! 

Derrière les longs murs d’un quadrilatère au gris sévère, au numéro 44 du cours Aristide-Briand, dans le quartier de la Victoire à Bordeaux, se trouve un lieu inhabituel. Constituée d’une ossature en béton, la façade est couverte d’un revêtement qui imite le granite. Elle laisse tout de même paraître un imposant bas-relief réalisé par Alfred Janniot.

L’idée de créer un « Palais du travail » remonte aux années 1920, lorsque l’union départementale CGT et les syndicats demande une Bourse du travail plus grande. Le projet se concrétise à l’arrivée d’Adrien Marquet, élu maire en 1925, alors ministre du Travail et leader du SFIO. Son objectif est de développer une politique de transformation sociale en modernisant les équipements de la ville de Bordeaux. Il propose que le monument soit « un palais pour le peuple… qui a bien le droit de profiter de l’art et des richesses qu’il contribue à édifier ».

En 1934, le conseil municipal vote donc la construction d’une nouvelle Bourse pour les syndicats ouvriers. Ces derniers regroupant 60 000 adhérents, le bâtiment permettra de les accueillir dans des bureaux syndicaux, mais aussi des salles de cours et de conférence, une bibliothèque ou encore une salle de spectacles et de congrès. L’architecte municipal Jacques d’Welles est chargé du projet.

La construction commence urgemment en 1935 sur l’ancien terrain du réservoir d’eau désaffecté de Sainte-Eulalie, actuel emplacement du cours Aristide-Briand. Le 1er mai 1938, Adrien Marquet inaugure le Palais du travail, symbole de son mandat en tant que maire socialiste. Il déclare : « Le travail a le droit de bénéficier d’un peu de la splendeur qu’il a répandu dans le monde. »

La Bourse du travail se dévoile à ceux qui s’y aventurent. Le visiteur y trouvera, par exemple, de très belles peintures murales. Comme un évènement, les lieux rassemblent des artistes contemporains locaux qui ont su célébrer les richesses de Bordeaux à travers des fresques aux scènes colorées et évocatrices.

Le maire affecte justement une grosse part du budget aux décors artistiques. Une occasion de mettre en valeur la vitalité des artistes bordelais. Les peintures de la grande salle sont confiées à Dupas et les autres à l’école de Bordeaux, sous la direction de François-Maurice Roganeau. Ce dernier choisit trois professeurs pour réaliser avec lui les peintures du vestibule : Camille de Buzon, Pierre-Albert Bégaud et André Caverne.

Dans l’aile sud du bâtiment, François-Maurice Roganeau présente Le Vin, fresque célébrant les vendanges. Dans ce qui ressemble à une grande fête populaire, l’artiste mêle des divinités gréco-romaines aux travailleurs en joie, sur 22 mètres carrés. Au centre, une jeune femme nue regarde droit devant elle et tient dans sa main gauche une sphère en verre pleine de vin. Décontractée, elle trône sur une corne d’abondance débordant de raisins.

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