Afin de vous émerveiller et de vous cultiver où que vous soyez, VMF et PAJ vous proposent des visites virtuelles de lieux d’exception. Le patrimoine vient à vous !
L’ancien palais épiscopal de Montauban (Tarn-et-Garonne), aujourd’hui musée Ingres-Bourdelle, date pour l’essentiel de la seconde moitié du XVIIe siècle. Il s’élève sur les vestiges d’un bâtiment attribué à l’occupation anglaise des années 1360-1369.
Au cours de la guerre de Cent Ans, le traité de Brétigny offre Montauban aux Anglais. La rive gauche demeurant française, le Prince de Galles – surnommé Prince noir – fait construire son château à l’emplacement actuel du musée. Seule la partie basse du château subsiste à ce jour. Le sous-sol, appelé la salle du Prince noir, était destiné aux entraînements des jeux d’épées et conserve les vestiges de son usage.
Situé sur le rempart de la ville, ce bâtiment resté inachevé est à l’abandon entre la fin du XIVe et le début du XVIe siècle. Véritable cour des miracles, cette “terrasse” sert de refuge aux brigands et aux prostitués. En 1537, le souverain, ne tirant aucun revenu de ces ruines, concède le terrain en location aux consuls afin d’y construire leur maison commune.
Cité forte protestante pendant les guerres de Religion, les fortifications de la ville résistent même au siège de 1621, lors des révoltes huguenotes. D’août à novembre 1621, le siège de Montauban oppose les armées royales commandées par le roi de France aux protestants montalbanais. S’en suit l’assiègement de plusieurs bastions protestants à travers le royaume de Louis XIII. Montauban est finalement amenée à négocier, sans pour autant avoir perdu de siège. La reddition de la cité au cardinal de Richelieu est signée en 1629.
Le cardinal ministre fait abattre les fortifications de la ville et fait raser le château. Lorsque Pierre de Berthier devient évêque en 1652, il choisit le site ruiné de l’ancien château du Prince Noir pour y ériger le symbole de son autorité, affichant ainsi le retour triomphant du catholicisme à toute personne entrant dans la ville depuis l’autre rive du Tarn. L’architecte Bernard Campmartin (1599-1692) est chargé de la construction du futur palais épiscopal.
L’élévation du palais des évêques commence en 1664. Campmartin, architecte pour le roi, conçoit autour d’une cour fermée un pavillon central et deux ailes en retour. De style classique, le bâtiment est en brique, seul matériau disponible en abondance dans la ville. Le projet se révèle couteux ; l’évêque n’hésite pas à investir sa fortune personnelle et recourt même au prêt sur gage. Le chantier se termine en 1680.
Le palais est occupé par six prélats avant d’être confisqué par la municipalité en 1790. Cette dernière y installe l’hôtel de ville en 1791.
Au XIXe siècle, une école de dessin investit tout d’abord le premier étage des lieux. Un premier musée est créé en 1820, les moulages antiques et quelques tableaux servent de modèles aux élèves. Ingres, intégré à la vie artistique de Montauban, lègue à sa ville natale l’intégralité des œuvres de son atelier lorsque survient sa mort. Cela représente 4500 dessins autographes, une trentaine de tableaux ainsi que des gravures et photographies anciennes, calques, copies d’élèves et études diverses.
Château médiéval, palais épiscopal, hôtel de ville puis lieu culturel : le musée Ingres-Bourdelle a su muter à travers les siècles tout en rendant compte de son empirisme.
En décembre 2019, le musée rouvre ses portes modernisé et agrandi, après un grand et long programme de rénovation. Aujourd’hui, le musée se déploie sur 2 700 m2 et abrite une importante collection de dessins et de peintures d’Ingres, des sculptures d’Antoine Bourdelle (1861-1929), ainsi que des expositions temporaires.