Arc-et-Senans, la ville idéale de Claude-Nicolas Ledoux sort de terre

Par Jeanne de Torquat

Date de publication : 17/03/2022

Temps de lecture : 4 minute(s)

Depuis plusieurs mois, le site de la saline royale d’Arc-et-Senans aménage un îlot de biodiversité unique dans l’Est de la France en prolongeant, 240 ans plus tard, le rêve de son architecte, Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806).

Destinée à la production de sel en Franche-Comté, cette manufacture, voulue par Louis XV, a été construite entre 1775 et 1779 sous Louis XVI. Chef-d’œuvre de Claude-Nicolas Ledoux, architecte visionnaire du siècle des lumières, la saline royale d’Arc-et-Senans témoigne d’une architecture industrielle unique. En effet, son architecte a longtemps rêvé d’une ville idéale en forme de cercle autour de sa manufacture : « Un cercle immense s’ouvre, se développe à mes yeux, c’est un nouvel horizon qui brille de toutes les couleurs » écrivait-il. Claude-Nicolas Ledoux lance le projet en faisant construire un premier ensemble de bâtiments sur l’espace d’un demi-cercle. Bien que consacrant la majeure partie de sa vie à cette utopie, il décède avant la fin des travaux.

Fermée en 1895, la saline est abandonnée avant d’être sauvée de la ruine par le département du Doubs en 1927, qui organise trois campagnes de restauration successives. Inscrite sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1982, la saline royale développe désormais un projet singulier d’aménagement paysager. Ce dernier vise à retrouver la ville idéale de Claude-Nicolas Ledoux en créant un îlot de biodiversité sur le demi-cercle jamais finalisé. C’est la première fois qu’un site classé à l’Unesco se transforme, tout en conservant ses critères d’inscription sur la liste du Patrimoine mondial.

Développés sur près de 15 hectares, pour une inauguration prévue en juin 2022, les jardins et les espaces dans et hors du mur d’enceinte, ont quatre objectifs :

  • réaliser le projet de Claude-Nicolas Ledoux qui est, depuis, enseigné dans les écoles d’architecture du monde entier ;
  • faire du site de la saline royale, une référence internationale pour la création de jardin du XXIe siècle ;
  • enrichir le parcours de visite au quotidien en aménageant dix jardins permanents, ouverts au public, à l’intérieur du monument ;
  • créer un îlot de biodiversité unique dans l’Est de la France et positionner la saline royale comme un laboratoire des métiers du paysage alliant expérimentation, pédagogie et haute qualité environnementale, en partenariat avec la fédération française du paysage.

Porté par l’équipe Mayot et Toussaint, associée à Gilles Clément, ce projet proposera un écrin dédié à la valorisation de la biodiversité et du végétal. On y retrouvera les concepts développés par Gilles Clément, c’est-à-dire le tiers paysage, les jardins en mouvement et le jardin planétaire. Les parcours de visites, enrichis de nouvelles expériences sensorielles et poétiques, mettront en scène les principes d’économie circulaire (recyclage, réemploi) et collaborative (horizontalité, participation des écoles, des acteurs locaux, etc.). Ils associeront plus de 400 élèves et 30 écoles chaque année. Le programme permettra aussi de partager les savoirs et les techniques afin de produire avec le vivant et non contre lui, de donner à chacun les outils de coopération, d’entraide afin de construire ensemble un avenir plus solidaire mais également plus durable, d’éveiller et d’ajuster le regard du visiteur sur le vivant et sur le végétal.

Les bénéfices de cette ambitieuse entreprise sont multiples, puisqu’à la préservation du patrimoine industriel exceptionnel de la saline royale pour les générations futures s’ajoute la valorisation du site sur les plans national et international.

Vous aimerez aussi...

Actus

Arc-et-Senans, la saline achève son cercle

Par Sophie Flouquet

Partager sur :