François-Joseph Bélanger, un architecte majeur du siècle des Lumières

Par Aliénor Harzo

Date de publication : 08/04/2022

Temps de lecture : 4 minute(s)

Le pavillon de Bagatelle et la Bourse de Commerce de Paris ont un point commun : François-Joseph Bélanger (1744-1818) en est le concepteur. Constructeur, décorateur d’intérieur et aménageur de jardins, il fut un architecte éclectique et curieux, l’un des plus talentueux de son temps. Les Éditions Errance et Picard publient sa première monographie.

François-Joseph Bélanger commence sa carrière, en 1767, comme dessinateur au sein des Menus Plaisirs – l’administration chargée de l’organisation des divertissements, des fêtes, des spectacles et des grandes cérémonies religieuses. Exécuteur, parfois inventeur, il participe à des projets très divers, collabore avec de nombreux artistes et révèle ainsi ses talents de décorateur. En parallèle de sa fonction aux Menus Plaisirs – expérience fondatrice qui lui permet de bâtir son réseau –, il travaille sur des chantiers privés pour le comte de Provence, le comte de Lauraguais, les princes de Chimay et de Ligne, entre autres. En 1777, distingué par ces personnalités mondaines très influentes, Bélanger est nommé premier architecte d’un prince du sang : le comte d’Artois. Il réalise pour lui de grands projets à Saint-Germain-en-Laye, Maisons, Bagatelle…

Jusqu’à la Révolution, l’architecte imagine plus d’une dizaine de demeures, principalement situées dans les faubourgs de la capitale, pour des commanditaires variés (aristocrates, financiers, femmes de scène, artistes), avec qui il noue des relations privilégiées. Bélanger est l’architecte à la mode. Claude Baudard de Vaudésir, baron de Sainte-James, le choisit pour transformer, à Neuilly, l’ancienne maison de plaisance en folie – la célèbre folie Sainte-James. Mais Bélanger s’essaie également aux maisons plus modestes, aux lotissements, et s’illustre comme décorateur (Bagatelle, maison Dervieux…). Au moment de la Révolution, sa renommée est au plus haut. Malheureusement, sa clientèle se disperse alors et il ne sera plus un artiste en vogue sous l’Empire.

L’histoire continue, passionnante, riche des très nombreuses contributions réunies dans cet ouvrage à l’issue d’un colloque international s’étant tenu les 6, 7 et 8 décembre 2018 au château de Maisons et à l’Institut national d’histoire de l’art à Paris. Sous le Directoire, Bélanger recherche la commande publique et tente de rétablir sa position sociale et professionnelle en s’impliquant dans des réalisations d’utilité publique, à l’instar des bains Vigier ; il est chargé de veiller à l’entretien des bâtiments du Conservatoire et de la Bibliothèque nationale entre 1796 et 1800 ; il reconstruit la coupole de la Halle au blé (l’actuelle bourse de Commerce), en 1808, en utilisant de la fonte pour la charpente et du cuivre pour la couverture – Bélanger est un connaisseur des matériaux métalliques qu’il avait expérimenté avant 1789 – ; etc. Puis, en 1814, les Menus Plaisirs sont rétablis. Bélanger, nommé premier architecte et dessinateur de la chambre et du cabinet du roi, conçoit alors une série d’évènements qui façonnent la nouvelle image de la monarchie restaurée.

Si les œuvres de Bélanger ont en grande partie disparu, la Bibliothèque nationale de France conserve les fonds de dessins de l’architecte. L’ouvrage, dotée d’une riche iconographie de plus de 200 illustrations (dessins, croquis, plans), est dirigé par Alexia Lebeurre et Claire Ollagnier, toutes deux spécialistes de l’architecture du XVIIIe siècle, et permet d’actualiser et d’approfondir les connaissances sur la brillante carrière de François-Joseph Bélanger. Il fut, comme Ledoux, Soufflot, Lemercier, Mansart ou Chalgrin, l’un des grands noms de l’architecture de l’Ancien Régime, et méritait, lui aussi, sa monographie.

François-Joseph Bélanger, Artiste architecte (1744-1818), sous la direction d’Alexia Lebeurre et Claire Ollagnier, Éditions Errance et Picard, 240 pages, 45 €

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