À Vaux-le-Vicomte, « Le Palais du Soleil » restitué

Par Aliénor Harzo

Date de publication : 12/04/2022

Temps de lecture : 4 minute(s)

Le grand salon de Vaux-le-Vicomte, restauré en 2021, est la pièce maîtresse autour de laquelle rayonne le château. Le peintre et décorateur Charles Le Brun avait conçu un décor ambitieux pour la voûte, jamais réalisé. À partir du 14 mai, l’œuvre d’art sera restituée numériquement. Un projet novateur.

En 1661, lors de l’arrestation de Nicolas Fouquet (1615-1680), surintendant des Finances et créateur de Vaux-le-Vicomte, les échafaudages sont installés dans le grand salon mais l’état d’avancement de la voûte à ce moment-là reste inconnu. Les différents sondages effectués par le duc de Choiseul au XIXe siècle ne révélèrent pas de traces du décor prévu. Le programme décoratif conçu en 1660 par Charles Le Brun (1619-1690), reprenant les connaissances de son époque en architecture, sculpture et peinture ainsi qu’en astrologie, histoire et géographie, n’est donc jamais réalisé. Cette œuvre aurait été la plus grande de Le Brun et fut nommée « Le Palais du Soleil » par mademoiselle de Scudéry (1607-1701), femme de lettres française, dans son roman Clélie. Seuls un dessin préparatoire de Le Brun et une estampe, par le graveur Girard Audran (1640-1703), ont été conservés et permettent aujourd’hui de restituer le projet.

Le château de Vaux-le-Vicomte a entrepris, en 2021, la restauration des éléments décoratifs du grand salon (termes, élévations et coupole), sous la direction de l’architecte en chef des monuments historiques Didier Repellin. Pour la coupole, il a été décidé de revenir à un état antérieur : sur le ciel inachevé et peu harmonieux de 1847, médiocre dans sa conception et son exécution, un badigeon blanc a été appliqué, de façon réversible, montrant ainsi au public l’état historique de 1661. La campagne de restauration a donc permis de rétablir un état historique qui a duré plus de 180 ans et la voûte, reblanchie, offre de meilleures conditions pour une projection numérique.

L’estampe réalisée par Girard Audran, à partir du projet de Le Brun, sera projeté sur les 380 mètres carrés de la voûte du grand salon, à 18 mètres de hauteur, grâce à 21 vidéoprojecteurs de 15 000 lumens discrètement installés dans la pièce. Une étude d’envergure – historique, iconographique et de colorisation – a été menée par Bénédicte et Alexandre Gady, historiens de l’art, et un peintre digital a été chargé de la numérisation de l’estampe sous le contrôle d’un restaurateur d’art. Des hypothèses colorisées de l’estampe, réalisées à partir d’études historiques, seront également projetées, ainsi qu’une hypothèse de motifs de couleurs sur chaque détail des élévations et de leurs stucs grâce au mapping vidéo. Ces propositions sont le fruit d’un croisement entre les descriptions données par des contemporains, les manuels d’iconographie de Cesare Ripa et Vincenzo Cartari, les informations données par les travaux préparatoires au plafond, la gravure d’Audran, et des œuvres de Le Brun et de ses contemporains, comparables par leurs sujets.

Ce projet technologique innovant est mené grâce au soutien de la fondation Dassault Histoire et Patrimoine, de la Région Ile-de-France et du département Seine-et-Marne. Rendez-vous à Vaux-le-Vicomte, dès le 14 mai, pour découvrir, enfin, l’œuvre éblouissante de Le Brun !

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