Les formations aux métiers d’art menacées

Par Aliénor Harzo

Date de publication : 10/05/2022

Temps de lecture : 4 minute(s)

De nouvelles réformes compromettent l’avenir des formations aux métiers d’art. Ateliers d’Art de France alerte sur les menaces qui pèsent aujourd’hui sur la pérennité de milliers d’ateliers et sur la transmission de ces savoir-faire d’exception.

En tant que syndicat professionnel des métiers d’art, Ateliers d’Art de France a pour objectif de faire connaître la place et le rôle des métiers d’art dans notre société. Ces métiers sont une force pour l’économie et le rayonnement de la France, un atout économique, social, artistique, culturel, patrimonial et touristique. Dans une société en quête de sens et d’authenticité, ils représentent des métiers d’avenir et l’on observe d’ailleurs aujourd’hui un engouement sans précédent, aussi bien chez les jeunes étudiants que chez les adultes en reconversion (lire à ce sujet : « Le grand retour de l’artisanat » et « Les artisans reprennent la main »). Pourtant, des réformes nuisent à tout le secteur.

Le nouveau diplôme national des métiers d’art et du design (DNMADe) et la loi « Avenir professionnel » s’annoncent dévastateurs pour le système de formation aux métiers d’art et inadaptés aux réalités des ateliers. La mise en place du DNMADe a notamment entrainé une réduction drastique d’heures en ateliers et de nombreux centres de formation aux métiers d’art ont perdu la certification de leurs formations depuis que la nouvelle instance France Compétences les délivre. Conséquence directe : certains acteurs financeurs de ces centres de formation ont cessé de financer ces formations professionnelles. Les politiques publiques à l’origine des multiples réformes ignorent les particularités des formations à ces métiers et ne tiennent pas compte du fait que leurs réalités et leurs besoins diffèrent de ceux des industries du luxe et du design.

Ateliers d’Art de France a lancé une pétition, « Non à la déliquescence des formations aux métiers d’art ! », et a publié un rapport complet sur le système de formation, « La formation aux métiers d’art : un système en crise ». « Nous espérons que le rapport que nous venons d’établir saura convaincre les pouvoirs publics de la nécessité de prendre en compte les spécificités du secteur en édictant des politiques publiques dédiées aux métiers d’art, dignes de ce secteur à très vaste potentiel pour notre pays », a déclaré Aude Tahon, présidente d’Ateliers d’art de France. Plusieurs revendications sont portées par le syndicat, afin d’assurer la survie des formations aux métiers d’art :

  • une démarche d’enseignement de la création adaptée aux spécificités des métiers d’art ;
  • la reconnaissance de l’atelier comme lieu indispensable de formation ;
  • l’allongement du temps de formation en atelier ;
  • la reconnaissance du rôle des professionnels de métiers d’art dans la formation aux métiers d’art ;
  • l’implication des professionnels des métiers d’art et des enseignants dans la définition des référentiels de formation.

« Au-delà d’être reconnus comme des « gens de mérite », les professionnels de métiers d’art méritent avant tout de ne pas être négligés ni oubliés par des dispositifs inadaptés à l’identité créative du secteur, a ajouté la présidente du syndicat professionnel des métiers d’art. Un vocabulaire choisi, et relayé par les médias, martèle à notre endroit : « talents de la main », « ouvriers aux mains en or », « ouvriers de l’excellence », « artisans ouvriers », « ouvriers spécialisés » ! Comment l’État peut-il croire que nos métiers d’art sont en mesure de générer autant d’engouement de la part des jeunes et de personnes en reconversion dans les métiers d’art, si la perspective est celle de devenir de la main d’œuvre, sans conscience, surtout sans créativité, cantonnée à un geste technique ! »

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