Connaissez-vous les origines de la Comédie-Française ?

Par Jeanne de Torquat

Date de publication : 17/05/2022

Temps de lecture : 6 minute(s)

Aujourd’hui installée dans la majestueuse salle Richelieu, au cœur du Palais-Royal (Paris 1er), la Comédie-Française est à l’honneur en cette année célébrant l’anniversaire de Molière (1622-1673). Elle a beau avoir plus de 300 ans d’existence, elle n’a pas toujours résidé au Palais-Royal. Retour sur l’histoire d’une institution phare de la vie culturelle parisienne.

Notre histoire débute au XVIIe siècle. Siècle du théâtre par excellence, il connaît à la fois le triomphe de la tragédie classique et de la comédie, comme en témoignent ces illustres auteurs que nous connaissons tous : Racine, Corneille ou encore le célèbre Molière. Les exigences théâtrales qu’impose l’avènement du classicisme n’empêchent en rien le foisonnement des comédiens à Paris, où quatre troupes de comédiens se disputent le monopole. La troupe du théâtre de l’hôtel de Bourgogne (également appelée « les comédiens du Roi »), créée en 1548, est la plus ancienne d’entre elles. L’histoire raconte qu’elle recevait du souverain une pension importante d’où son surnom de « comédiens du Roi ».

En 1634, l’acteur Mondory décide de créer sa propre troupe et s’installe dans un quartier déjà à la mode : le Marais. C’est ainsi que la troupe du Marais interprète Le Cid pour la première fois en janvier 1637. La troupe de Molière, après plus de douze années de théâtre itinérant, s’implante à Paris en 1658. Rapidement, Molière reçoit la protection de Monsieur, frère du roi, et se fait également remarquer par le jeune Louis XIV lors d’une représentation. La dernière troupe à s’installer à Paris est celle des Comédiens-Italiens. Leur succès phénoménal les rend inévitablement concurrents des autres comédiens français.

En 1673, notre histoire prend un tournant décisif. La mort du grand Molière entraîne un remaniement de sa troupe et la troupe rivale de l’hôtel de Bourgogne profite de ce drame pour approcher plusieurs de ses grands comédiens. Peu de temps après, Louis XIV ordonne la fusion de la troupe de Molière avec celle du Marais, qui n’a plus de théâtre. Cette nouvelle troupe se produit à l’hôtel Guénégaud (actuelle rue Mazarine), dont elle prend le nom. Pendant quelques temps, elle jouit du monopole des représentations théâtrales à Paris. L’Avare, Le Misanthrope ou Les Fourberies de Scapin… son répertoire se compose essentiellement de pièces de Molière mais reprend aussi plusieurs pièces de Corneille, Racine ou encore Rotrou.

La troupe Guénégaud et celle de l’hôtel de Bourgogne se livrent à une véritable guerre théâtrale à laquelle le Roi-Soleil met fin en 1680 en ordonnant, sept ans après la mort de Molière, la fusion des deux rivales. La disparition du chef de la troupe du théâtre de Bourgogne contribue également à cette singulière union de la comédie et de la tragédie. Une semaine après cette réorganisation, la nouvelle troupe effectue sa première représentation à l’hôtel Guénégaud. À cette occasion, six coups sont frappés : c’est la naissance de la Comédie-Française.

En 1687, les Comédiens-Français doivent quitter le théâtre Guénégaud dont la proximité inquiète les ecclésiastiques du nouveau collège des Quatre-Nations (aujourd’hui, siège de l’Institut de France). La troupe s’installe rue des Fossés-Saint-Germain, aujourd’hui nommée rue de l’Ancienne-Comédie. L’avènement du Régent la contraint à redoubler d’efforts face à celle des Comédiens-Italiens, que Philippe d’Orléans apprécie particulièrement.

La Comédie-Française, mal-aimée par le Régent, connaît de grandes difficultés financières, qui, en 1770, l’obligent à quitter son théâtre délabré pour s’installer provisoirement dans la salle des Machines du palais des Tuileries. Quelques années plus tard, elle déménage à nouveau dans une nouvelle salle du Faubourg-Saint-Germain, construite par les architectes Peyre et de Wailly.

La Révolution française bouleverse l’équilibre de la Comédie-Française, rebaptisée « Théâtre de la Nation ». La troupe se scinde en deux, opposant les pro-monarchistes et les pro-républicains. Les comédiens jugés trop proches des idées monarchistes sont emprisonnés par le comité de Salut-Public. Ils parviennent toutefois à échapper à la guillotine grâce à Charles de La Bussière, comédien engagé auprès du gouvernement révolutionnaire.

Finalement dépourvus de salle et de moyens, les Comédiens-Français s’éparpillent dans plusieurs troupes. En 1799, grâce à l’aide de l’écrivain Neufchâteau, la troupe se voit attribuée le Théâtre-Français de la République (actuel Palais-Royal), rue de Richelieu. L’arrivée de Napoléon au pouvoir constitue une aubaine inespérée pour les comédiens, dont il va devenir le protecteur. L’histoire raconte qu’il se serait rendu à plus de 250 représentations.

Construite en 1786 et 1790, après l’incendie de la salle de l’Opéra (1781), la salle Richelieu a connu une quinzaine de restaurations en 200 ans. La Comédie-Française, que l’on nomme également la « Maison de Molière », désormais placée sous l’autorité du ministère de la Culture, continue de se produire dans cette salle prestigieuse.

Molière aurait eu 400 ans en 2022.
Des activités et spectacles sont organisés partout en France pour célébrer le grand dramaturge.

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