Maison sublime de Rouen, un trésor caché

Par Aliénor Harzo

Date de publication : 19/05/2022

Temps de lecture : 4 minute(s)

À Rouen (Seine-Maritime), le plus ancien monument juif de France est rouvert au public après une vaste campagne de restauration. La Maison sublime, découverte sous le palais de justice en 1976, est le témoin de la grandeur de la communauté juive de la ville au Moyen-Âge.

En août 1976, à l’occasion de travaux de pavage dans la cour de l’ancien siège de l’Échiquier puis du Parlement de Normandie, un engin de chantier atteint la voûte d’une cave romane. Un sondage systématique de l’ensemble de la cour est alors décidé et l’on met au jour un second monument, plus grand, datant lui aussi du XIIe siècle. Grâce aux fouilles entreprises, l’on dégage l’édifice, rectangulaire, qui, d’après l’épaisseur de ses murs en pierre de taille, devait posséder trois niveaux. Son architecture et son décor permettent de le dater aux environs de 1100. Aujourd’hui, ne subsistent que la salle basse et les amorces des murs du rez-de-chaussée.

Des graffiti hébraïques confirment son appartenance à la communauté juive. En référence à un verset du livre des Rois gravé sur l’un des murs – « Et cette maison sera sublime jusqu’à ce que le Rocher (le Dieu d’Israël) ait pitié de Sion » –, le monument est baptisé « Maison sublime ». Sans aucun doute arasée pour la construction de l’Échiquier de Normandie, elle est située au moment de sa construction en plein cœur du quartier juif, un peu en retrait par rapport à la rue aux Juifs, dans une cour ou un jardin.

École rabbinique, lieu de prière ou maison d’habitation ? L’édifice, malgré l’intérêt qu’il a suscité auprès de la communauté scientifique, n’a pas encore livré tous ses mystères. En 1306, les Juifs de Rouen sont expulsés de la ville, leurs biens sont confisqués et la maison est réaffectée, ce qui laisse planer le doute sur son usage. Témoins exceptionnels de la grandeur de la communauté juive de Rouen au Moyen-Âge, les vestiges sont classés au titre des Monuments historiques le 1er juillet 1977. Deux autres monuments sont également découverts dans l’ancien quartier juif : en 1982, sous le tribunal de grande instance, et en 1985, sous l’aile est du palais de justice.

En 2012, une campagne de travaux est lancée afin de sauvegarder l’édifice menacé par l’humidité et l’insuffisance de ventilation. Portés par le ministère de la Justice et l’association La Maison Sublime de Rouen, créée en mars 2007, les travaux de restauration, suivis par l’architecte en chef des monuments historiques Antoine Madalénat, ont mobilisés de nombreux mécènes. Préservée dans une crypte archéologique, la Maison sublime est, depuis le 30 avril 2022, de nouveau ouverte à la visite.

La Maison sublime de Rouen se visite uniquement sur réservation. Toutes les informations de visite sont à retrouver sur le site www.visitezlamaisonsublime.fr.

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