Bâtie à Roquebrune-Cap-Martin (Alpes-Maritimes) en 1929, la villa E 1027 est une œuvre d’art total. L’ouvrage E 1027, Renaissance d’une maison en bord de mer, paru aux Éditions du patrimoine, revient sur le chantier de restauration exemplaire initié en 2014.
La maison E 1027, véritable balcon sur la Méditerranée, est construite en 1929 par Eileen Gray (1878-1976), designer et architecte irlandaise, avec et pour son ami Jean Badovici (1893-1956), architecte et critique d’art français d’origine roumaine. La même année, la publication d’un recueil de dessins et de photographies dans la revue L’Architecture vivante, dont Badovici est le rédacteur en chef, fait connaitre la villa dans toute l’Europe. Puis, en 1960, la maison est achetée par la galeriste zurichoise Marie-Louise Schelbert, avant d’entrer en possession, en 1982, du médecin Heinz Peter Kaegi. Ce dernier met en vente, le 13 octobre 1991, vingt-huit éléments mobiliers de la villa… Jusqu’ à son acquisition en 1999 par le Conservatoire du littoral, la villa connait bien des mésaventures : amputée d’une grande partie de son mobilier, elle est occupée et vandalisée.
E 1027 est conçue dès son origine par Eileen Gray et Jean Badovici comme une maison ouverte et accueillante, un lieu de vie et de partage mais aussi de mise en valeur de leurs talents. © Manuel Bougot La grande terrasse dévoile la vaste étendue maritime. Grâce à la marquise en toile, on a la sensation de se trouver dans un bateau en pleine mer. © Manuel Bougot
Des campagnes de travaux successives sont orchestrées depuis 2014 par l’association Cap Moderne, mandatée par le Conservatoire du littoral. L’association, présidée par l’homme d’affaires, mécène et amateur d’architecture éclairée Michael Likierman, regroupe la villa E 1027, le Cabanon et les Unités de Camping de Le Corbusier ainsi que le restaurant L’Étoile de mer, ouvert en 1949 par Thomas Rebutato. Michael Likierman ainsi que les vice-présidents successifs de Cap Moderne, Robert (1937-2016) et Magda Rebutato, ont fédéré autour du projet des acteurs publics (Conservatoire du littoral, Drac PACA, collectivités territoriales) et des mécènes privés, des historiens et des architectes. Sous le contrôle du comité scientifique présidé par l’historien de l’architecture Jean-Louis Cohen, l’architecte du patrimoine Claudia Devaux a assuré la maîtrise d’œuvre des travaux : la structure de la villa et les jardins ont été restaurés, les aménagements intérieurs et le mobilier minutieusement reconstitués.
L’ouvrage, paru aux Éditions du patrimoine sous la direction de Jean-Louis Cohen, revient sur l’histoire de la villa et les détails de sa restauration : essais signés de spécialistes de l’architecture moderne, témoignages des artisans qui l’ont restaurée, entretien inédit avec Eileen Gray… Quant au brillant reportage photographique de Manuel Bougot, il offre une promenade illustrée dans la villa restaurée. On découvre, grâce au récit de ce chantier de restauration exceptionnel, la maison et chacun des objets qu’elle abrite. La publication d’un deuxième volume est d’ailleurs prévue pour montrer le travail minutieux de reconstitution du mobilier. Un nouvel ouvrage que l’on a hâte de découvrir.
