Oscar Niemeyer, génie en exil

Par Aliénor Harzo

Date de publication : 21/06/2022

Temps de lecture : 3 minute(s)

Le dernier ouvrage de la collection « Carnets d’architectes » des Éditions du patrimoine, dirigée par Simon Texier, invite à découvrir l’œuvre française, assez méconnue, du brésilien Oscar Niemeyer.

Oscar Niemeyer (1907-2012) est l’une des grandes figures de l’architecture moderne dans le monde. Ses différentes réalisations, dont certaines sont inscrites sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco (Pampulha, Brasilia…), sont un dialogue complexe entre les formes libres projetées et l’espace qu’elles occupent. Considéré comme un créateur intuitif, son œuvre poétique, aux lignes courbes fluides, témoigne de la quête d’une architecture légère. C’est notamment l’inauguration de Brasilia, en avril 1960, qui scelle la réputation de l’artiste et donne une visibilité internationale à l’architecture moderne brésilienne.

Le 31 mars 1964, le coup d’état marquant le début de la dictature militaire au Brésil contraint Niemeyer à l’exil. Il se réfugie alors en France, où il dispose de nombreux soutiens – il est notamment proche du parti communiste français –, et fonde une agence d’architecture. Grâce à la parution de plusieurs articles dans la revue L’Architecture d’aujourd’hui, les Français découvrent l’architecte brésilien dès 1946. Deux autres évènements contribueront à le faire connaître : la sortie en février 1964 de L’Homme de Rio, film de Philippe de Broca tourné un an plus tôt à Brasilia alors que la ville est encore en chantier, et l’exposition au musée des Arts décoratifs de Paris en 1965 de ses projets brésiliens et de ses premières réalisations internationales.

Si Oscar Niemeyer fut célébré pour ses créations brésiliennes, son œuvre hors du Brésil reste méconnue. En France, elle est pourtant majeure : siège du Parti communiste français de la place du Colonel-Fabien à Paris, siège du journal L’Humanité à Saint-Denis, Bourse du travail de Bobigny, maison de la culture du Havre, villa Mondadori, etc. S’appuyant sur des archives inédites (études et esquisses), Vanessa Grossman, architecte et historienne brésilienne, et Benoît Pouvreau, historien de l’architecture, se sont attelés à mettre en évidence les réseaux et soutiens dont disposa Niemeyer en France et proposent d’explorer en détail la production française de l’architecte.

Oscar Niemeyer en France, Un exil créatif, par Vanessa Grossman et Benoît Pouvreau, Éditions du patrimoine, 206 pages, 25 €

Partager sur :