Un projet éolien face au château du Thiolent : ultime appel au secours ?

Par Julie Mahé Assistante de rédaction
Temps de lecture : 3 minute(s)

Le 14 avril 2022, six ans après l’ouverture de son projet éolien, la justice administrative tranche en la faveur de la société Boralex, mais les protestations persistent ! La plus récente, celle des propiétaires du château de Thiolent, fait directement appel au Président de la République française dans une vidéo postée YouTube en septembre 2022.

La compagnie canadienne Boralex, spécialisée dans l’éolien, le solaire, l’hydroélectrique et thermique a obtenu gain de cause pour installer 4 éoliennes dans la commune de Saint-Jean-de-Nay. Le plan de construction soutenu par le maire de la commune est défendu selon le principe du coup/bénéfice, à savoir des ressources fiscales et des mesures d’accompagnements versées au territoire. Toutefois, ces avantages compensent-ils vraiment les destructions qu’ils impliquent ?

L’installation d’éoliennes de 175 mètres de haut impacte un écosystème très diversifié. Préservé d’une urbanisation massive, l’environnement de la commune et de ses alentours risque d’être considérablement impacté. Lors de la création du projet, l’entreprise Boralex a annoncé avoir établi les « meilleurs compromis sur les aspects paysagers, environnementaux, sociétaux et techniques ». Pourtant, la mission régionale d’autorité environnementale Auvergne-Rhône-Alpes a souligné plusieurs risques dans son rapport du 26 juillet 2019, dont un concernant le paysage et le patrimoine bâti, qui n’ont pas été pris en compte par Boralex.

Dans la commune voisine de Vergerac, le château du Thiolent, inscrit au titre de l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques, est désormais lui aussi en danger, se retrouvant à moins de deux kilomètres de la zone. L’étude de 2019 a souligné que le site serait soumis à un « impact fort », car il vit grâce à ses visiteurs attirés par la faune, la flore et le paysage autour du bâti.

Cette même étude souligne pourtant en conclusion la subjectivité de cet avis, alors même que c’est bien la conservation du site et sa transmission qui sont en jeu. Les propriétaires de Thiolent tentent de se tourner vers le Conseil d’État, qui n’a aujourd’hui pas fait part de sa réponse, et vers le Président Emmanuel Macron, dans une vidéo d’appel au secours en posant une question de fond : « comment se fait-il que la justice privilégie les intérêts privés de ce promoteur éolien ? » Implicitement, au détriment du patrimoine présentant un intérêt national. Pourquoi les réglementions de protection en vigueur en France ne sont-elles pas alors adaptées, alors même que l’installation d’éoliennes est en forte croissance depuis 2010 ? Est-ce cela « l’éolien responsable » promu par notre ministère de la transition énergétique ?

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