Le vitrail en Touraine : une histoire de famille

Par Julie Mahé Assistante de rédaction
Temps de lecture : 4 minute(s)

Publié aux éditions Lieux dits, Le vitrail en Touraine au XIXe siècle, un foyer de création, se concentre sur l’histoire du vitrail dans l’actuel département de l’Indre-et-Loire, durant ce qui est aujourd’hui considéré comme le troisième âge d’or du vitrail, après le XIIIe siècle et la Renaissance. Olivier Geneste, chercheur du Centre François-Garnier de Châtillon-sur-Indre et spécialiste des vitraux des lieux de cultes, y retrace notamment l’histoire de l’une des familles les plus influentes de cet art, la famille Lobin.

L’auteur nous présente la « nouvelle Renaissance » du vitrail en France, à partir du Concordat de 1801. À l’initiative des communes débutent alors un grand mouvement de rénovation des églises en France, notamment en Touraine, qui induit par voie de conséquence une grande production de vitraux. Au XIXe siècle, la Touraine correspond alors à l’Indre-et-Loire d’aujourd’hui avec quelques kilomètres en moins à l’est – aujourd’hui rattachés à l’Indre et au Loir-et-Cher – et quelques kilomètres en plus à l’ouest.

C’est en partie à travers l’histoire de la famille Lobin et leur Manufacture de vitraux peints de Tours, qu’Olivier Geneste retrace l’histoire de la production de vitraux en Touraine. Le peintre et vitrailliste Julien-Léopold Lobin est l’artiste le plus reconnu et influent dans la première moitié du XIXe siècle en Touraine. Il est également illustrateur. En 1847, il ouvre son premier atelier en Touraine nommé « Marchand et Compagnie ». L’atelier Lobin va faire « refleurir l’art du vitrail à Tours de façon pérenne » jusqu’en 1904, grâce notamment à une production qui se rapproche du niveau industriel de l’époque.

La fabrique crée en particulier des vitraux pour les édifices religieux. Ils représentent alors en majorité des histoires religieuses locales et des scènes bibliques. La verrière de la quatrième chapelle sud de la cathédrale Saint-Gatien de Tours, achevée en 1849, est la première œuvre réalisée par Julien-Léopold Lobin pour la cathédrale. La grande scène centrale représente L’Adoration des Mages, « œuvre extrêmement riche d’un point de vue décoratif, avec des bordures à feuilles d’or, […] des verres gravés… Afin d’accentuer l’aspect d’un tableau, l’artiste dissimule le tracé des plombs dans les anfractuosités du rocher, à gauche, ou dans les reliefs des paysages.[1] »

L’influence de l’atelier Lobin amènera même à la création d’une école qui formera les peintres vitriers de la province, comme Édouard Avisseau (1931-1911), fils de Charles-Jean Avisseau, connu pour ces œuvres de céramique artistique.

Olivier Geneste met ainsi en lumière une fabrication familiale et régionale peu connue du grand public, qui a initié un mouvement de création d’ateliers pendant près d’un siècle, un vrai foyer tourangeau du vitrail. L’auteur évoque aussi, au milieu d’une importante production de vitraux religieux, les belles verrières de couverture de la brasserie L’Univers, à Tours.

Olivier Genste, Le vitrail en Touraine au XIXe siècle, un foyer de création, Éditions Lieux Dits, 9 septembre 2022, 112 p. ISBN : 978-49352-205-4.


[1] Olivier Geneste, Le vitrail en Touraine au XIXe siècle, un foyer de création, Éditions Lieux Dits, 2022, p. 48.

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