Histoire d’un meuble « commode »

Par Florence Berdou Commissaire-priseur

Date de publication : 04/05/2023

Temps de lecture : 4 minute(s)

En avril dernier, une commode attribuée à l’ébéniste Thomas Hache (1664 – 1747), ornée d’un décor de marqueterie géométrique, a été mise vente à Rennes enchères. Expert : Bertrand Berthelot. Estimation : entre 20 000 et 25 000 euros. Retour sur l’histoire de la commode en général et du créateur de celle-ci en particulier.

C’est sous Louis XIV que les commodes apparaissent, à l’extrême fin du XVIIe siècle. Le terme est utilisé pour la première fois en 1708 par le duc d’Antin, qui déclare avoir admiré chez l’ébéniste François Guillemart deux commodes en placage d’écaille et d’étain en cours d’exécution pour la chambre du Roi, à Marly.

Évolution des coffres « incommodes », la commode est un meuble à tiroirs montés sur pieds, qui se veut avant tout « commode ». Cela explique en partie sa grande notoriété, meuble phare garnissant les demeures du XVIIIe siècle et des siècles suivants.

De forme droite ou galbée, mazarine ou tombeau, basse ou haute sur pieds, elle est aussi ornée de bronzes ciselés et dorés.

L’une des plus célèbres est celle de Charles-André Boulle (1642-1732), livrée au Roi Soleil en 1708, pour sa chambre du Trianon.

L’ÉBÉNISTE

Né à Toulouse, Thomas Hache (1664-1747) fait partie d’une dynastie d’ébénistes installés à Grenoble.

Il n’est pas étonnant de trouver des bois très variés dans le secteur de Grenoble, passage incontournable donnant sur la vallée du Rhône. La marqueterie des bois indigènes, de loupe et de ronce teintés ou au naturel, encadrés de filets, fait justement la renommée de ces ébénistes les plus connus du Dauphiné. Par exemple, Thomas Hache a obtenu la teinte verte visible sur le plateau de la commode mise aux enchères à Rennes grâce à du cresson !

Ses meubles, de qualité exceptionnelle, participent à une décoration luxueuse. Le style est à l’image du goût de Louis XIV, empreint de classicisme et de rigueur, où la symétrie domine.

Sur quatre générations, la dynastie Hache se poursuit avec Pierre Hache (1705-1776) et Jean-François Hache (1730-1796), peut-être le plus connu de tous.

L’ESTAMPILLE

L’estampille apparaît à partir du milieu du XVIIIe siècle et perdure jusqu’à la Révolution.

Les ébénistes devaient estampiller leurs œuvres, autrement dit, les signer. L’estampille est une marque en creux posée à froid par percussion d’un fer.

Cherchez l’estampille, elle se trouve généralement sur le plateau sous le marbre, ou sur les montants postérieurs. Celle-ci doit être d’un seul tenant, le fer étant gravé à la main.

Attention, l’estampille n’est qu’un indice parmi tant d’autres permettant d’identifier et de dater une commode. La preuve ici : Thomas Hache ne possédait pas d’estampille, à l’inverse de son petit-fils Jean-François.

Pour aller plus loin : Pierre et Françoise Rouge, Le Génie des Hache, Éditions Faton, 2005

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