Mathurin Méheut et les arts décoratifs

Par Florence Berdou Commissaire-priseur
Photographies de Laurent Guizard

Date de publication : 20/06/2023

Temps de lecture : 3 minute(s)

Amoureux des traditions bretonnes, Mathurin Méheut, peintre de la Bretagne, fût aussi un sculpteur et un créateur fécond. L’une de ses créations, le pichet du Service de la mer, sera présenté dans le volet des artistes de la Bretagne moderne, lors de la vente du centenaire du mouvement artistique Ar Seiz Breur (Les septs frères), le 13 juillet prochain, par Rennes Enchères Bretagne. Estimation : 300 à 500 euros (expert : Tangui Le Lonquer).

Mathurin Méheut dessina son Service de la mer dès le début des années 1920. Celui rencontre rapidement un grand succès, tant sur le plan esthétique que commercial. L’artiste réalise ce service particulièrement moderne et coloré après avoir résidé pendant deux ans, entre 1910 et 1912, à la station biologique de Roscoff. Il publie par la suite Étude de la mer, ouvrage destiné aux décorateurs et aux artisans d’art.

Mais Mathurin Méheut ne se contente pas de magnifier les fonds marins de la Bretagne dans ce Service de la mer. En 1913 il remporte la bourse Autour du monde de la Fondation Albert-Kahn et entreprend un voyage qui le mènera au Japon et jusqu’à Honolulu. Il reprend sur place ses observations de la vie marine et ce service en faïence polychrome apparaît comme la synthèse de ses recherches, illustrée par des espèces présentes des côtes bretonnes jusqu’à l’océan Pacifique.

La faïence, toute une histoire

La faïence est née dans le monde de l’Islam au IXe siècle, en Irak, sous dynastie des Abbassides.

Au XIVe siècle, les faïenciers italiens mettent au point des décors inspirés de modèles islamiques. Ceux-ci atteignent leur apogée au XVe siècle en Toscane, en Ombrie, dans les Marches et dans la petite ville de Faenza (province de Ravenne, en Émilie-Romagne), qui donne son nom à cette technique de céramique.

Il faut attendre le XVIe siècle pour que cette matière s’installe en France, pour ensuite ne jamais cesser de s’y développer.

C’est à la fin du XVIIe siècle que le potier Jean-Baptiste Bousquet, originaire de Moustier, s’installe dans le quartier de Locmaria, à Quimper (Finistère).

Cette période voit la création de nouvelles fabriques sur Locmaria. Mais à l’aube de la Grande Guerre il ne reste plus que deux manufactures : HB-la Grande Maison et Henriot-Porquier. La concurrence est rude et les deux manufactures rivalisent par des engagements artistiques forts : chez Henriot, Mathurin Méheut fait figure de chef de file, entre 1920 et 1950.

Poterie ou faïence ? Faïence ou porcelaine ?

Comment distinguer ces techniques ? La nature de l’enduit recouvrant la terre cuite constitue la distinction essentielle entre la faïence et la poterie. La pâte est plus ou moins la même mais l’enduit dont on la recouvre est rendu d’un blanc opaque par la présence de sels d’étain, dit émail stannifère.

Tous à vos lampes : si la faïence reste opaque, la porcelaine dure, quant à elle, devient translucide et homogène lorsqu’on la regarde près d’une source de lumière.

Cherchez les éclats, des indices d’identification se cachent sous l’émail.

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