Les sciences du patrimoine en colloque

Par Guillaume Henry Rédacteur en chef

Date de publication : 11/03/2022

Temps de lecture : 6 minute(s)

Dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’Union européenne, la Fondation des Sciences du Patrimoine (FSP) organise avec la Commission européenne et en partenariat avec le ministère de la Culture et le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et les universités de Paris-Saclay et Cergy Paris, un colloque dédié aux sciences du patrimoine en Europe : « Un patrimoine pour l’avenir, une science pour le patrimoine : une aventure européenne de la recherche et de l’innovation ». Il se tiendra les 15 et 16 mars 2022 à Paris.

Cette manifestation a pour objet de mettre en lumière les sciences du patrimoine dans toute leur diversité, en France et en Europe. Elle souhaite mettre en exergue comment celles-ci participent à la sauvegarde du patrimoine, mais aussi à révéler le rôle central de ce dernier pour comprendre et faire face aux grands enjeux contemporains, qu’ils soient sociaux, culturels, environnementaux, économiques ou encore politiques.

En plus des nombreuses tables rondes, quatre grandes thématiques seront abordées lors de sessions plénières, dont voici les grandes lignes :

– Session plénière 1 (mardi 15 mars, de 10h30 à 11h30) – Préserver et mobiliser le patrimoine culturel face au changement climatique : le rôle de la recherche et de l’innovation dans un contexte d’urgence.

Défi majeur, le changement climatique oblige nos sociétés à s’engager dans de profondes transformations pour contrer ses effets et s’adapter. Dans un tel contexte le patrimoine culturel est à la fois une partie du problème et, tout autant, de la solution. Alors que le patrimoine culturel, matériel ou immatériel, est de plus en plus fragilisé, voire détruit par l’effet du réchauffement climatique, les sciences du patrimoine sont engagées dans l’élaboration de nouveaux outils de suivi, de prévention et d’intervention pour assurer sa transmission aux générations futures.

Mais le patrimoine offre aussi tout un éventail de ressources pour un développement vert, qu’il s’agisse du remploi du bâti ancien, de la réactivation de savoir-faire traditionnels écologiquement vertueux ou des informations qu’il délivre sur les climats du passé. En cela, les sciences du patrimoine ont toute leur place dans la mise en œuvre du Green Deal européen. 

– Session plénière 2 (mardi 15 mars, de 12h15 à 13h15) – Sciences du patrimoine et transformation numérique : défis et opportunités.

Les acteurs du patrimoine sont depuis longtemps fortement engagés dans la transformation numérique, qu’il s’agisse de bases de données d’inventaires, d’imagerie scientifique, de dispositifs d’investigation ou de médiation. Au croisement de l’histoire, de l’archéologie, de la chimie, de la physique et, bien entendu, des sciences du numérique, technologies et méthodes innovantes révolutionnent la connaissance, la conservation, la restauration, la médiation du patrimoine culturel, et ouvrent de nombreuses perspectives. Les plus récentes avancées de l’imagerie permettent, par exemple, la réalisation de doubles numériques pouvant être mobilisés tout à la fois pour la recherche, la gestion et la médiation du patrimoine. Aujourd’hui, le nombre exponentiel des données produites, leur conservation à long terme et leur accessibilité dans le contexte de la science ouverte, nécessitent la mise en place d’outils adaptés et de niveau européen.

– Session plénière 3 (mercredi 16 mars de 12h05 à 13h05) – Former les acteurs du patrimoine : enjeux et perspectives.

Dans un XXIe siècle traversé par de profondes évolutions sociétales, économiques et environnementales, les acteurs du patrimoine, qu’ils soient responsables de musées, de sites historiques ou archéologiques, d’archives, de bibliothèques, d’associations, ou d’organisations non gouvernementales, doivent constamment réinventer leurs pratiques sous peine de ne plus pouvoir jouer correctement leur rôle de passeurs. La question de leur formation, qu’elle soit initiale ou continue, est plus que jamais fondamentale et de nombreux pays européens ont développé des offres innovantes donnant la possibilité d’acquérir des compétences de plus en plus vastes pour concevoir et mettre en œuvre des modes d’action adaptés aux enjeux contemporains. Le dialogue serré, aux niveaux local, national et européen, avec des chercheurs d’horizons disciplinaires multiples, l’indispensable continuum entre recherche fondamentale et applications sur le terrain, sont plus que jamais indispensables à une gestion pérenne du patrimoine culturel.

– Session plénière 4 (mercredi 16 mars, de 14h15 à 15h15) – Les industries culturelles et créatives, nouveau champ d’application des sciences du patrimoine.

Les industries culturelles et créatives et leurs récents développements liés au numérique interrogent la capacité du patrimoine culturel à renouveler le dialogue qu’il a toujours entretenu avec la création. L’immense richesse, la grande diversité des œuvres, des objets, des pratiques, des savoir-faire, sont potentiellement d’inépuisables sources d’inspiration pour les artistes et les créateurs d’aujourd’hui. En retour, le regard porté par les industries culturelles créatives sur cet héritage peut être un puissant révélateur et transformer le regard que nous portons sur lui, le rendre plus accessible et vivant dans la société contemporaine. Sur tous ces points la recherche en sciences du patrimoine peut apporter une contribution décisive, à condition de créer les conditions de vraies pollinisations croisées entre chercheurs et créateurs, science et industrie, public et privé. 

– Session plénière 5 (mercredi 16 mars, de 15h15 à 16h15) – L’apport des sciences du patrimoine au Nouveau Bauhaus européen.

Le nouveau Bauhaus européen, initiative lancée en 2020 par la Commission européenne, vise à créer un nouvel art de vivre accessible au plus grand nombre, conciliant créativité et durabilité. Il a pour ambition, à l’instar de son précédent historique, de stimuler l’ensemble des secteurs de la création qui contribuent à embellir notre environnement quotidien, de l’urbanisme au design, en passant par la mode et l’architecture. Au croisement de l’art, du patrimoine culturel et de la science, c’est un mouvement créatif s’inscrivant au cœur du pacte vert pour l’Europe, dont l’ambition totalement interdisciplinaire rejoint par bien des points celle des sciences du patrimoine, et à l’épanouissement duquel la recherche sur le patrimoine peut, par son dynamisme, puissamment contribuer.

Un colloque qui promet d’être riche, et dont les résultats seront disponibles en ligne : https://events.wisembly.com/heritage4futurefr?today=01-02-2022

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