Redécouverte de l’église récemment restaurée, un lieu emblématique de Nice depuis le haut Moyen Âge et où a été signé, le 28 septembre 1388, l’acte de dédition de Nice à la Savoie du comte Amédée VI. Depuis les hauteurs du quartier Pasteur, elle arbore fièrement son faste baroque retrouvé.
À l’époque médiévale, un monastère de pères noirs vivant sous la règle de saint Benoît s’installe sur un promontoire surplombant la ville, à l’endroit précis où Pontius – un martyr romain du IIIe siècle – aurait été décapité. La tradition veut que, selon le souhait de Charlemagne, un tombeau carolingien ait été érigé dans le sanctuaire en l’honneur du saint, mais aucun document ne corrobore ce fait. Durant tout le Moyen Âge, le monastère prospère grâce à d’importantes donations de terres.
Les moines agrandissent l’église au moment du renouveau baroque. Si la première pierre est posée le 21 mars 1725, jour de la Saint-Benoît, le bâtiment ne sera pas achevé avant 1743. La bulle du pape Pie VI met cependant un terme à l’existence du monastère dès 1792, faute de subsides. Après la période trouble de la Révolution, puis le retour du comté de Nice au royaume de Piémont- Sardaigne en 1814, l’évêque de Nice, Monseigneur Galvano, y installe en 1835 les Oblats de la Vierge Marie, des missionnaires chargés de vivifier la foi. À cette occasion, le prélat fait exécuter des travaux de réparation et de décoration des bâtiments abbatiaux. Depuis 1905, l’église appartient à la commune et demeure consacrée.
Aucun plan ne renseigne sur cet édifice de style baroque à l’inspiration turinoise. Un portique formant terrasse, supporté par une suite d’arcs en plein cintre, permet la communication avec les bâtiments conventuels et amplifie le développement horizontal du premier niveau, contrastant avec l’élan vertical de la façade. Un escalier en fer à cheval, composé d’une calade décorée, permet d’y accéder. La convexité de la façade est une rareté qui fait écho à la concavité de l’église Saint-Jean-Baptiste de Cervo, en Ligurie, conçue à la même époque par Gio Batta Marvaldi. Un clocher, orné de pilastres atténuant les angles, est surmonté d’un bulbe reposant sur petit étage cylindrique ajouré. L’intérieur présente quant à lui une architecture impressionnante avec un plan en ellipse qui enveloppe le visiteur dès son entrée.
Une restauration intégrale
Classée au titre des Monuments historiques en mai 1913, l’église arbore depuis le printemps 2019 ses fastes baroques dans tout leur éclat retrouvé. Un chantier intégral de rénovation et de restauration a en effet été mené de concert par la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) Provence-Alpes-Côte d’Azur, les services de la Ville et le concours de l’architecte en chef des Monuments historiques Pierre-Antoine Gatier.
Un tel projet s’inscrit dans la restructuration globale du quartier Pasteur, situé au nord-est de la cité, dans le cadre des travaux de construction de l’hôpital Pasteur 2. La Ville a en effet souhaité donner davantage de visibilité à l’édifice qui a rayonné sur Nice et la vallée du Paillon jusqu’au XIXe siècle. Les travaux ont permis de restaurer les façades et les toitures, le clocher ayant déjà été entrepris. Les trous de boulins (laissés dans la maçonnerie après la dépose des pièces de bois fixées dans la maçonnerie pour échafauder) ont été en partie comblés. Ils demeurent néanmoins sur les parties latérales, laissés volontairement visibles en tant que témoignages.
Le retable de la Crucifixion (non signé et non daté) est inspiré de celui de Bréa (1512), conservé au monastère de Cimiez. Les colonnes torses des chapelles sont réalisées en stuc imitant le marbre. À côté, deux têtes de putti ailées. L’un des nombreux putti de l’abbatiale. Celui-ci est assis sur une volute de l’entablement de la chapelle de la Vierge Marie.
Réalisées lors des études stratigraphiques, des campagnes de sondages ont par ailleurs permis d’enrichir la connaissance historique de l’édifice et de préciser le parti de restauration. Cette dernière s’est poursuivie à l’intérieur par le travail effectué sur les marmorini couvrant les murs : des stucs vert amande dialoguant avec d’autres d’un blanc éblouissant. Les colonnes torses des autels et la frise de l’entablement qui termine la voûte elliptique sont également traitées en stuc, façon marbre vert de mer.
La restauration du mobilier, notamment des œuvres classées Monuments historiques, fait également l’objet d’un programme pluriannuel. Certaines peintures, dont Le Martyre de Saint-Pons de Joseph Castel (1798-1853), ou des bois dorés ont d’ores et déjà été traités et réinstallés.
© VMF/MAP
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