Première découverte de notre série « Cet été, racontez-nous la France ! ». Juliette, jeune blogueuse passionnée de patrimoine nous emmène découvrir l’ancienne abbaye royale Saint-Michel de Bois-Aubry (Indre-et-Loire), un monument unique, situé dans le parc Régional Loire-Anjou-Touraine. Son architecture romane et gothique, son clocher hors-œuvre en font un incontournable de la région. Les cinéphiles de passages pourront eux aller se recueillir dans le cimetière où reposent les cendres de l’acteur Yul Brynner !
Tout commence au XIIe siècle, quand un ermite nommé Robert et ses deux disciples s’installent pour fonder un oratoire dédié à saint Michel sur l’emplacement de l’abbaye. Ils obtiennent les terres grâce aux dons d’un riche seigneur local qui veut absoudre ses péchés. L’oratoire et les terres seront par la suite cédées par Robert à l’abbaye de la Sainte-Trinité de Tiron, en 1135, afin d’acquérir le statut de prieuré. Et c’est en 1138 que le Bois Aubry devient une abbaye, rattachée à l’abbaye mère de Tiron (Thiron-Gardais, Eure-et-Loir).
Placée sous l’autorité de saint Bernard d’Abbeville, elle applique jusqu’à la fin du XVIIe siècle la règle bénédictine, dont les principes fondamentaux sont la pauvreté, l’austérité, la chasteté, le travail et la vie en communauté. Après le temps des abbés réguliers vient celui des abbés commendataires. Charles de Ronsard – le frère du poète ! – sera un des derniers abbés réguliers de l’abbaye en 1544. Au XVIIe siècle, celle-ci n’adhère pas à la reforme de Saint Maur et la vie religieuse disparaît progressivement.
Le monument a connu une histoire mouvementée notamment lors de la guerre de Cent Ans et des guerres de Religions. La nef perd ainsi la moitié de sa superficie ainsi que son clocher central initial. Entre reconstruction et destruction, l’abbaye va bénéficier de restaurations royales effectuées par Louis XI et Charles VIII. Raison pour laquelle leurs armes sont sculptées sur les clefs de voûte du jubé gothique flamboyant.
Vue d’une baie géminée éclairant l’abside de l’église abbatiale. © Juliette Dupré L’abbatiale et la salle capitulaire conservent un bel ensemble de chapiteaux sculptés romans. Le seul chapiteau historié de cette salle a malheureusement été buché. On y reconnait néanmoins le serpent tentateur ainsi que la tête et le buste d’Adam ; Ève a quant à elle totalement disparu. © Juliette Dupré
À la suite de la Révolution de 1789, la congrégation de Bois-Aubry est supprimée. En 1792, un marchand d’orfèvre de Richelieu achète l’édifice pour en faire une ferme. Après les transformations des bâtiments pour un usage agricole, l’abbaye est dans un état très préoccupant. C’est d’ailleurs par arrêté que l’édifice obtient son premier classement au titre des Monuments historiques, en 1964. L’église orthodoxe de France en devient propriétaire en 1978 et lui rend sa vocation religieuse. Cette communauté y créera notamment le cimetière orthodoxe.
La renaissance de l’abbaye survient en 2006, après son rachat par un couple de Belges. Passionné d’histoire, les nouveaux propriétaires font tout leur possible pour faire vivre, préserver et restaurer le monument. Deux associations sont créées afin de les soutenir dans leurs projets. L’abbaye est ouverte aux visites d’avril à septembre, deux fois par semaine des visites guidées sont organisées, les mardi et dimanche à 15 heures. De plus, l’édifice abrite deux gîtes quatre étoiles situés au pied du monument !
Yul Brynner à Bois-Aubry
Les cendres du célèbre acteur hollywoodien Yul Brynner aux 42 films (Les Dix commandements, Les Sept mercenaires…) reposent dans le cimetière de l’abbaye. Un choix de son épouse, de confession orthodoxe. Dans une ancienne dépendance de l’abbaye, restaurée il y a quelques années, est aménagé un petit musée dédié à sa carrière, avec notamment une grande collection d’affiches de ses films.
Le coup de cœur de Juliette
L’abbaye de Bois-Aubry est une visite authentique loin des grands sites touristiques de la région. Ce sont les propriétaires eux-mêmes qui accueillent les visiteurs et présentent l’histoire de l’édifice, avant de nous laisser découvrir à notre rythme le monument à l’aide de fiches explicatives. La visite guidée, proposée deux fois par semaine, est passionnante et très complète. Elle dure plus de deux heures : de quoi être incollable sur l’histoire et l’architecture de cette abbaye ! J’apprécie toujours le calme des lieux, et l’accueil des propriétaires. C’est une belle idée de visite en Touraine, pour changer un peu des châteaux… Je tenais à écrire sur l’abbaye de de Bois-Aubry car j’y suis très attachée personnellement : je suis membre de l’association des Amis de l’abbaye et c’est même grâce à elle qu’est née ma passion pour le patrimoine !
Juliette Dupré
Pour découvrir d’autres articles patrimoine de Juliette, consultez son blog Carnet de Juliette.