Une comédie souterraine au château de La Roche-Guyon

Par Margaux Delanys

Date de publication : 19/04/2021

Temps de lecture : 3 minute(s)

On connaissait le château de La Roche-Guyon (Val-d’Oise) pour ses étonnantes superpositions de styles traversant les époques. Désormais, c’est pour son ancien théâtre à l’italienne que sa directrice, Madame Marie-Laure Atger, espère attirer les visiteurs.

Adossé à une falaise de craie, non loin du parc naturel régional du Vexin, le château de La Roche-Guyon s’établit solidement sur un bras de la Seine. Courant les époques, cette forteresse du Moyen Âge est devenue à la Renaissance un manoir de plaisance puis un château, redessiné par les ducs au temps des Lumières. La Seconde Guerre mondiale arme la bâtisse de casemates, fruit du maréchal Rommel qui y avait installé son état-major.

C’est à la demande de la duchesse d’Enville que le théâtre du château est aménagé sous le grand salon des tapisseries, à l’automne 1768. Construit pour l’usage personnel d’une famille de l’aristocratie, il disposait d’une quarantaine de sièges. Il était resté intact jusqu’au XXe siècle. Mais des suites d’une infiltration d’eau, la petite comédie souterraine s’est peu à peu dégradée. En cause : l’humidité, le confinement ainsi que le développement de microorganismes et l’infestation d’insectes xylophages.

Mais l’établissement public de coopération culturelle ne l’entend pas de la sorte. En 2017, le « théâtre de poche », comme se plaît à l’appeler la directrice du château, fait l’objet d’une numérisation 3D en vue d’une reconstitution virtuelle : chercheurs français du CNRS (Centre national de la recherche scientifique), de l’Inra (Institut national de recherches archéologiques préventives) et chercheurs américains du CVAST (virtualisation et technologies spatiales appliquées) ont travaillé, avec la même minutie, des semaines durant. En juin 2019, le château et son théâtre font partie des 103 projets retenus par le ministère de la Culture dans le cadre de la Mission patrimoine en péril, chapeautée par Stéphane Bern, plus connue sous le nom de Loto du patrimoine. En 2021, les travaux financés à hauteur de 1,3 million d’euros par la Drac d’Ile-de-France, la Région, le département du Val-d’Oise et le Loto du patrimoine sont sur le point de commencer.

Antoine Madelénat, l’architecte en chef des monuments historiques inspecte avec émerveillement les traces de cet ancien théâtre, éparpillées sur le sol. « Des petits éléments de machineries, des petites cordes, des petites poulies, des éléments métalliques » qui lui permettront de reconstituer ce qui faisait vibrer les entrailles du château.

Cette rare salle de spectacle pouvait alors accueillir une quarantaine de spectateurs et n’avait rien à envier aux théâtres parisiens de l’époque. Machinerie scénographique, balcons à deux étages, fosse d’orchestre et trou du souffleur constituaient ainsi les éléments majeurs de ce petit théâtre confiné.

L’établissement public de coopération culturelle espère son ouverture prochaine au public et, un jour, lui redonner sa vocation d’antan…

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