L’histoire entre Cédric Mignon et le château de Meauce débute par un coup de cœur. Cet amoureux des vieilles pierres, soutien de longue date de l’association VMF et des initiatives en faveur du patrimoine, a souhaité avec son épouse se lancer dans une expérience incroyable : restaurer un monument historique. Carnet d’Histoire est parti à la rencontre de ce passionné pour vous partager cette belle aventure.
Après une vingtaine de visites, le couple trouve sa perle rare : le château de Meauce, un édifice abandonné dans la Nièvre. “Ce qui devait être une visite “pour le plaisir des yeux” s’est transformé en un véritable coup de cœur” nous raconte Cédric Mignon. Ce château, qui allie forme ronde peu commune et communion totale avec la faune et la flore, leur procure une vive émotion et le couple décide de l’acheter en 2016.
Une histoire pleine de rebondissements
Il est impossible de raconter ici en détail l’histoire du château de Meauce, tant elle est riche et jalonnée d’événements incroyables. En voici néanmoins quelques éléments clés, contés par son propriétaire actuel. Les origines du château sont antérieures à l’ère chrétienne, comme l’attestent les 24 maisons datant de la fin de la préhistoire découvertes sur le site du château, lors de fouilles archéologiques. Parmi les anciens propriétaires du château, on retrouve le premier évêque de Nevers, mais aussi le seigneur de Rochefort et, comme Cédric Mignon tient à le rappeler : “beaucoup de femmes, les hommes héritiers du château se destinant souvent à l’Église”.
Le château a également été, au XXe siècle, propriété de Jean Devaivre, grand cinéaste parachuté en zone libre avant la fin de la guerre près du site de Meauce. Cédric nous raconte que Jean “a vu le château rond se refléter dans les eaux de l’Allier un soir de pleine lune” et a décidé “de racheter Meauce pour faire des films de capes et d’épée”. Mais faute de moyens, la restauration entreprise ne finira jamais. S’ensuivent enfin trente années de procès qui condamnent l’État à abandonner la maîtrise d’ouvrage du château.
Un château d’exception oui, mais en ruines
Le château de Meauce a subi les ravages du temps. Cédric Mignon et son épouse lancent en août 2018 des travaux de préservation, pour sauver du péril le château et dégager les douves des arbres qui poussaient à l’intérieur. En parallèle, ils créent une association, “ les amis du château de Meauce”, et se battent pour que les études archéologiques menées sur le site intègrent le budget du Ministère de la culture.
Un an plus tard, en mai 2017, commencent les travaux de restauration. Ils sont divisés en trois tranches, financées chacune à 50% par la Drac (Direction régionale des affaires culturelles). Le château a ainsi pu être mis hors d’eau et hors d’air.
D’autres travaux ont également permis de mettre les communs à l’abri des éléments extérieurs et de restaurer des décors : une frise de blason de 1482 et une grande cheminée Renaissance. Une cinquième tranche va permettre la restauration du pigeonnier et d’une grange dite “ à la Mansart”.
La remise en état du pigeonnier a été confiée à un chantier d’insertion, nommé Tremplin, hommes et patrimoine. Cédric Mignon insiste : “ il était très important pour nous de donner une dimension sociale au projet”.
Avis aux futurs acquéreurs de monuments historiques
Pour tous ceux qui souhaitent se lancer dans un tel projet, Cédric Mignon a plusieurs conseils pour vous :
“ Il faut faire venir des spécialistes pour chiffrer les travaux avant de se porter acquéreur. Il faut posséder le budget d’acquisition, et avoir la capacité d’acquérir, faire les études préalables et financer les premières tranches de travaux pour mettre hors d’eau et hors d’air son monument.”.
Le propriétaire du château de Meauce préconise également de pouvoir habiter sur le lieu de la restauration : “ cela nous a été très utile, nous avons pu vivre notre restauration dans de bonnes conditions. Cela permet également d’accueillir sereinement les chantiers de bénévoles”. Un autre précieux conseil : “rester ouvert sur l’extérieur, grâce aux réseaux sociaux, pour bénéficier des encouragements des passionnés de patrimoine”. Enfin, Cédric Mignon recommande de s’immerger dans la vie politique et culturelle locale.
Quel avenir pour le château de Meauce ?
Le château de Meauce ne dort jamais. Ouvert au public d’avril à fin octobre, deux festivals y ont déjà été mis en place : la Fête de la nature début mai et le Festi-grues fin octobre. Amateurs d’oiseaux, ce festival devrait vous plaire : l’hiver, 5 000 grues cendrées campent sur les plages du château.
De nombreux projets sont à venir avec, en 2024, la restauration d’une autre grange et de deux petites maisons. Les propriétaires ambitionnent également d’ouvrir plus largement au public, pour passer de 10 000 à 15 000 visiteurs par an, et d’enrichir leur offre culturelle et touristique en aménageant des espaces d’expositions.
Vous souhaitez soutenir le château de Meauce ? Rendez-vous sur http://www.chateaudemeauce.com