En parcourant la campagne ou en visitant les villes d’Alsace, tout visiteur demeure frappé par le nombre de synagogues et de cimetières juifs. Une telle densité d’édifices permet d’esquisser la mémoire d’une culture judéo-alsacienne originale, sans véritable équivalent dans d’autres parties du territoire national.
Si, aujourd’hui, la plupart des synagogues sont reconverties ou fermées, leur présence atteste néanmoins le profond degré d’intégration du judaïsme au paysage alsacien. Au cours de cette longue histoire, brossée par ces synagogues majoritairement construites au XIXe siècle, deux moments méritent d’être retenus pour saisir le caractère de ce patrimoine : d’une part, les années 1840-1860 qui montrent comment l’architecture des synagogues, encore ancrée dans la construction vernaculaire, peut symboliser, après la phase d’émancipation découlant de la Révolution, l’intégration à la société française et la promotion de la synagogue en bâtiment officiel ; d’autre part, la période d’annexion à l’Empire allemand (1871-1918) qui a laissé aussi de nombreux édifices caractérisés par un jeu de références stylistiques mis au service d’un nouveau processus d’intégration, cette fois à la culture germanique.
Une architecture de l’intégration
Jusque dans les années 1830, la synagogue demeurait un espace caché, simple oratoire ou maison située en retrait dans quelque rue des Juifs. Sous la monarchie de Juillet, même si la discrétion peut rester de mise, la sy...
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