À 10 minutes de Narbonne (Aude), au cœur du Parc naturel régional de la Narbonnaise, se cache un trésor du Moyen Âge, un patrimoine classé qui conserve entre ses murs les richesses architecturales et la spiritualité des Hommes qui l’ont occupé. L’abbaye de Fontfroide se découvre pour son patrimoine, ses manifestations culturelles, les saveurs de son restaurant, et la beauté de ses jardins.
Nature et architecture se conjuguent à Fontfroide, depuis des siècles déjà. Dès le XIIe siècle, les moines cisterciens, pour qui les jardins sont lieux de contemplation et de prière, mais également essentiels à leur vie quotidienne, cultivent un potager, un verger, et, au sein du cloître, divers carrés de plantes aromatiques et de simples. Un jardin fermé, image du paradis, uniquement ouvert vers le ciel, qui invite à la relation au divin. Pendant plusieurs siècles, les religieux entretiennent et développent ces jardins arrosés par l’eau d’une source, la Fons Frigidus, la fontaine d’eau froide qui donne son nom à l’abbaye.
Au début du XXe siècle, après le départ des derniers moines, Gustave et Madeleine Fayet rachètent Fontfroide et s’attèlent à la restauration du site. Très rapidement, à l’arrière de l’abbatiale, sur l’emplacement du cimetière désaffecté, sont plantés quelques rosiers. Peu à peu, un jardin à l’anglaise voit le jour, où la famille Fayet et leurs amis, les « Fontfroidiens » comme ils aiment se nommer, viennent se détendre et s’inspirer. Odilon Redon, Déodat de Séverac, Ricardo Viñes, Richard Burgsthal et autres artistes invités par la famille Fayet s’y promènent, échangeant leur point de vue du monde, contemplant les derniers rayons de soleil des journées d’été sur les Corbières avoisinantes.
Au début du XXe siècle, après le départ des derniers moines, Gustave Fayet (1865-1925) et sa femme Madeleine rachètent Fontfroide et s’attèlent à la restauration du site. © Henri Gaud La famille Fayet et leurs amis, les « Fontfroidiens » comme ils aiment se nommer, viennent se détendre et s’inspirer dans les jardins de Fontfroide. © Henri Gaud
Juillet 1986, un incendie criminel vient détruire 2 000 hectares dans le massif de Fontfroide. Les flammes ravagent le jardin et n’épargnent que quelques cyprès centenaires. Trois ans plus tard, l’abbaye remporte le premier prix d’un concours organisé par le rosiériste Delbard, ce qui permet, avec l’aide du Conseil régional, de créer la roseraie. L’inauguration a lieu en présence de madame Giscard d’Estaing.
À la suite de la restauration du cloître, Gustave Fayet fit réaliser un puits avec des ornements en fer forgé, sur l’emplacement même où se tenait une statue de la Vierge. © Bernard Galéron/VMF En 1989, l’abbaye remporte le premier prix d’un concours organisé par le rosiériste Delbard, ce qui permet, avec l’aide du Conseil régional, de créer la roseraie.© Bernard Galéron/VMF
La roseraie d’aujourd’hui accueille environ 1 500 rosiers divisés en 18 massifs, dessinés au sol par des petites haies de buis. Les variétés, seize au total, sont choisies pour leur résistance aux maladies et aux conditions climatiques, dont les couleurs s’accordent avec les vieilles pierres des bâtisses cisterciennes. Parmi elles, la rose de Fontfroide, avec ses fleurs doubles et élégantes, évoluant vers une nuance de rose soutenu, ou la Madeleine Fayet, nouvelle variété implantée en 2021, avec ses grosses fleurs pompons. Leurs parfums sont subtils ou prononcés selon les roses, et leur floraison s’échelonne de mai à octobre.
En bordure de certains massifs, quelques lavandes blanches et pérovskias (sauge afghane) ont une double fonction, autant esthétique que pratique en attirant les insectes butineurs. Grâce à l’installation d’hôtels à insectes, la roseraie bénéficie de l’aide précieuse d’auxiliaires (coccinelles, syrphes…), limitant ainsi le recours aux produits phytosanitaires.
Au fond de la roseraie, se trouve l’enclos Saint-Fiacre, ou jardin des senteurs, lieu qui invite au rêve à travers les sens. Sa végétation est adaptée au climat méditerranéen, et les plantes, résistantes au soleil, libèrent leurs parfums enivrants afin de conserver précieusement l’eau de leurs feuillages. Les fleurs de ce jardin offrent une palette de couleurs rappelant celle d’un peintre, véritable ode à la création artistique. Quelques plantes aromatiques permettent au chef du restaurant de Fontfroide d’agrémenter les plats subtils concoctés au fil des saisons. La statuette d’un moine veille sur l’enclos avec bienveillance. Il s’agit de saint Fiacre, moine irlandais herboriste du début du VIIe siècle, surnommé « le saint patron des jardiniers ». Il doit sa renommée à son talent pour cultiver les plantes médicinales et extraire leurs propriétés thérapeutiques. Debout dans sa petite niche, il semble inviter le visiteur à poursuivre sa visite au-delà d’un petit portillon en fer forgé, situé sous un magnifique plaqueminier.
À l’arrière du portillon, une allée de cyprès ouvre sur des jardins en terrasses. L’histoire de ces jardins à l’italienne s’étale sur plusieurs siècles, leur beauté et leur originalité dues à de nombreux créateurs. La première « créatrice » est Constance de Frégose, mère du futur abbé commendataire de Fontfroide. Prenant place sur le flanc de la colline face aux bâtiments, les jardins en terrasses de Fontfroide sont organisés en différents clos et terrasses successives, reprenant une organisation tracée par les moines au fil des siècles. La famille Fayet, propriétaire de Fontfroide depuis 1908, continue leur aménagement, comme en témoignent les archives familiales, faisant état de différentes campagnes de plantations et remaniements. Des éléments décoratifs sont également rapportés, tels plusieurs pots à feu placés sur les murettes des jardins et des statues qui, du coin de l’œil, regardent les visiteurs de passage. Neptune, trônant au dessus d’un grand bassin, veille sur ce vaste ensemble végétal.
Les jardins en terrasses de Fontfroide sont organisés en différents clos et terrasses successives, reprenant une organisation tracée par les moines au fil des siècles. © Yann Monel
Aujourd’hui, les jardins de Fontfroide sont lieux d’évasion et de visite. Ils sont labellisés « Jardin remarquable » par le ministère de la Culture et un partenariat avec la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) est mis en place pour la protection des espèces. De nombreux lycées et des centres de formation agricole interviennent sur le terrain dans le cadre de la transmission de savoir-faire et de la sensibilisation à la protection de l’espace naturel. Deux parcours sont proposés, permettant de découvrir les jardins et leur évolution : le parcours historique et le parcours paysager. Le fil conducteur est un voyage à travers l’histoire de l’art des jardins, du Moyen Âge à nos jours. Des concerts, notamment dans le cadre du Festival Musique et Histoire dirigé par Jordi Savall, viennent animer les lieux les mois d’été. Tout au long de l’année, plusieurs grands évènements « nature » sont organisés et viennent mettre en avant les jardins et le massif de Fontfroide : la Fête des plantes & du massif en mai, les Rendez-vous aux jardins en juin, et le Festival international des orchidées en octobre.
Aujourd’hui, les jardins de Fontfroide sont lieux d’évasion et de visite. Ils sont labellisés « Jardin remarquable » par le ministère de la Culture et un partenariat avec la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) est mis en place pour la protection des espèces. © Rogier Fackeldey
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