En France, les calvaires sont une composante importante du patrimoine. Symboles par excellence du christianisme, ils sont les témoins de la foi des générations qui nous ont précédés et restent des éléments subsistants de l’aménagement paysager de nos ancêtres. Ils portent une charge historique indéniable et, à ce titre, ceux qui subsistent méritent de faire l’objet d’une conservation au titre du petit patrimoine. C’est la mission que s’est donnée l’association SOS Calvaires à travers trois actions complémentaires que sont l’inventaire, la sauvegarde et la valorisation. Nathan Guigand nous détaille les actions de l’association dont il est délégué pour la Loire-Atlantique.
L’association SOS Calvaires, association régie par la loi du 1er juillet 1901 et reconnue d’intérêt général, a pour but de regrouper tous ceux qui s’intéressent à la sauvegarde des calvaires, oratoires et chapelles qui composent notre patrimoine, pour les restaurer et les entretenir. Notre objectif est de restaurer un calvaire par mois et par antenne.
Du haut de nos 45 antennes de bâtisseurs, de nos 500 adhérents et 5000 bénévoles, et de nos centaines de calvaires restaurés tous les ans, nous avons l’ambition d’être le premier acteur de la croix en France. La nouvelle équipe de gestion, composée de 4 salariés (directeur général, responsable technique, responsable communication, et secrétaire) entend bien travailler à ces objectifs avec détermination.
INVENTORIER
Partant du constat simple que les travaux d’inventaire de calvaires avaient été soit très locaux, soit peu approfondis, un des gros chantiers de l’association est d’œuvrer à l’inventaire de l’ensemble des croix, calvaires, statues, oratoires et chapelles présents sur l’ensemble du territoire français.
Pour cela, nous avons développé une application disponible sur les téléphones portables qui permet, via la géolocalisation, de renseigner les différents éléments du petit patrimoine chrétien partout en France.
Cette étape d’inventaire permet de dresser un état des lieux de l’état général des calvaires sur le territoire. C’est aussi un préambule essentiel à notre deuxième mission : la restauration.
RESTAURER
Notre réseau de bâtisseurs au service de la restauration du patrimoine s’organise par antennes locales, structurées comme l’équipe nationale : un chef d’antenne, un responsable technique et un responsable communication, chacun étant un expert dans son domaine.
Travaillant à la professionnalisation de nos méthodes, et bien que chaque restauration soit différente, nos 45 antennes locales ont à leur disposition des fiches techniques hautement documentées par type de restauration. Elles ont accès à un relais national pour un avis précis et professionnel, et à un réseau d’artisans national qui peut nous aider dans nos actions.
Nos bâtisseurs rencontrent des barrières lors d’une restauration (juridiques, matérielles, techniques et financières). Le développement et la professionnalisation de l’association permettent de surmonter ces difficultés par un gain de compétence.
Les différentes étapes de nos chantiers sont les suivantes :
- identification du calvaire à restaurer
- prise de contact avec le propriétaire via la population locale, les pouvoirs publics, et accord de celui-ci
- étude préalable de faisabilité
- rénovation de la croix (en bois, pierre ou fer) et du socle
- remise en place de la croix et bénédiction de celle-ci, comme le faisaient nos pères
- moment fraternel pour fédérer la population locale et faire connaissance.
Cette dernière étape est essentielle, puisqu’elle permet à la population locale de s’approprier son patrimoine, de transmettre son histoire et d’honorer la mémoire de ceux qui l’ont posée bien avant eux.
Pour les chantiers en eux-mêmes, nous restaurons des calvaires en bois, en pierre, en fer, et pour chaque matériau la restauration est différente. Après avoir eu l’aval du propriétaire, les bénévoles se chargent de retirer la croix, en bois par exemple, pour la remplacer si besoin. Notre responsable technique se charge alors de tailler une croix à l’identique qui sera reposée dans le mois.
Pour les croix en pierre, si elles sont en bon état, ce n’est que du nettoyage pour enlever le lichen, si possible en retirant la croix pour la remettre ensuite. Si les travaux sont plus importants, nous faisons alors appel à un tailleur de pierre de notre réseau d’artisans, qui pourra nous aider à remplacer des pierres le cas échéant.
Pour ce qui concerne l’acier ou la fonte, il faut descendre la croix de son socle pour la sabler (décapage au sable sous haute pression) pour pouvoir ensuite lui appliquer un antirouille, de la peinture et la remonter toute neuve.
Une restauration peut être un changement complet de croix, mais aussi un simple débroussaillage et coup de propre autour des calvaires ou oratoires.
Un des plus importants chantiers de restauration entrepris par SOS Calvaires a été de remplacer la croix du village de Persac (Vienne) cet été. Cette croix de 12 mètres de haut est la plus haute croix en bois de France. Elle pesait près d’une tonne et le Christ en fonte faisait 250 kg. Un vrai travail de recherches historiques a été mené par nos bénévoles, retraçant l’histoire riche de ce calvaire orgueilleux, érigé en 1875 et béni par le Cardinal Pie. Mais chaque calvaire restauré est une véritable victoire !
VALORISER
« Permettre à chacun de porter et planter sa croix » fut toujours le maître mot de notre association. C’est pourquoi nous donnons la possibilité aux pouvoirs publics et aux particuliers de se procurer des croix, selon un cahier des charges précis.
Notre association se veut être un véritable appui pour aider et guider les particuliers mais surtout les pouvoirs publics, bien souvent démunis devant l’ampleur et la technicité des chantiers qu’ils ont à mener pour sauvegarder leur patrimoine, qu’il soit chrétien ou non, dont ils sont les héritiers depuis la loi de 1905 (loi de séparation de l’Église et de l’État).
Retrouvez l’association SOS Calvaires sur Instagram où directement sur leur site.