Situé à Rueil-Malmaison, dans les Hauts-de-Seine, le château de Bois-Préau, aujourd’hui reconverti en musée, est une dépendance du domaine de La Malmaison à l’histoire bien singulière. En effet, il fut offert par Napoléon Bonaparte à Joséphine de Beauharnais en cadeau… de divorce.
L’histoire d’une romance
En 1696, Frédéric Léonard et son fils, tous deux imprimeurs et libraires du Roi, décident d’acheter les terres de Bois-Préau appartenant à l’abbaye de Saint-Denis. Ils y font bâtir une vaste demeure entourée de jardins. Ainsi, débute l’histoire du château de Bois-Préau. Jean Garnier, maître d’hôtel de la reine Marie Leszczynska en fait l’acquisition en 1747. Il y fait des aménagements conséquents, notamment en créant une maison de bains et en agrémentant le parc de statues. La demeure est ensuite vendue au comte de Prie, qui y restera neuf ans, puis à Louis Julien, un banquier, dont la fille, Anne-Marie Julien, refusera de céder le château à Bonaparte qui possède déjà celui de La Malmaison.
Depuis 1799, Bonaparte exerce son pouvoir de Premier consul depuis sa résidence principale des Tuileries, mais également depuis La Malmaison, où il séjourne régulièrement en compagnie de Joséphine, son épouse. Le couple étant marié sous le régime de la séparation de biens, leur propriété est acquise au nom de Joséphine, mais c’est son époux qui la finance.
À la mort d’Anne-Marie Julien, qui survient tragiquement (elle est retrouvée noyée dans la pièce d’eau du parc en 1808), Napoléon fait l’acquisition de Bois-Préau. Sacré empereur en 1804, il divorce de celle qu’il nommera impératrice douairière en 1809. Le domaine de La Malmaison devient alors le refuge de Joséphine de Beauharnais.
En 1810, l’Empereur offre le château de Bois-Préau, adjacent à celui de La Malmaison, à Joséphine, ce qui rendra l’histoire du château de Bois-Préau indissociable de celle de La Malmaison.
L’Impératrice en son parc
L’Impératrice douairière loge son médecin dans cette annexe de La Malmaison. Elle y accueille des invités, du personnel de maison et y entrepose également une partie de son cabinet de curiosités et de sa bibliothèque. En 1814, 7 500 des 12 000 volumes de la bibliothèque impériale de La Malmaison sont conservés dans le château de Bois-Préau. Ces volumes sont principalement des livres religieux, des sujets épiques et de théâtre, des recueils de poésies ainsi que des romans et des ouvrages d’histoire.
Le château se reflète dans le large bassin créé au XIXe siècle. © Pierre Holley
Connue pour son amour de la nature, l’Impératrice demande d’abord à Percier et Fontaine, les architectes de l’Empereur Napoléon ayant œuvré à la décoration du château de La Malmaison, d’aménager le parc autour de la propriété. Leur projet ne lui convenant guère, Joséphine décide de faire appel à un autre architecte, Louis-Martin Berthault. Celui-ci conçoit un ensemble paysagé composé de multiples fabriques et œuvres d’art, d’échappées, de collines, de bosquets d’arbres et de petits kiosques qui ponctuent le site. Sa serre chaude, avec son salon et son orangerie, dominent les jardins. Cette conception romantique du jardin est bien éloignée de celle projetée par Percier et Fontaine, au classicisme trop sévère.
À la mort de l’Impératrice en 1814, son fils, le prince Eugène, hérite de La Malmaison et de Bois-Préau, qu’il entretient avec soin. Après sa mort en 1824, sa veuve vend le domaine à des négociants parisiens en 1828.
Bois-Préaux change de mains
Plusieurs propriétaires se succédèrent avant qu’il soit racheté, en 1854, par Édouard Abraham Rodrigues Enriques. Le château n’étant pas en très bon état, il fait démolir les ailes et reconstruire la plus grande partie du corps centrale en 1854. Ce dernier donnera au château sa forme actuelle : une élégante bâtisse en pierre de taille dorée à la façade décorée dans un style néo-Louis XV et coiffée d’un toit en ardoise. La famille Rodrigues Enriques reste sur les lieux jusqu’en 1878.
Le couple Tuck-Stell rachète le château en 1920, y effectue des travaux de rénovation avant de le léguer à l’État, en 1929. C’est ainsi qu’est créé en 1958 un musée consacré à la captivité et à la mort de Napoléon à Sainte-Hélène.
Une statue de Joséphine de Beauharnais accueille les promeneurs à l’entrée du parc. Il s’agit, depuis 2021, d’une copie en résine et poudre de marbre réalisée d’après l’original de Gabriel-Vital Dubray (1865). © Moonik Le parc (17 hectares) a conservé des essences rares, comme un noisetier de Byzance. © Moonik
Aujourd’hui encore, des essences végétales rares et des arbres centenaires tels que le noisetier de Byzance, le charme commun, le pin de Corse ou le séquoia géant, occupent le parc à l’anglaise de 17 hectares. Une copie de la statue érigée en l’honneur de Joséphine, faite en résine et poudre de marbre en 2021, surplombe le parc et accueille les visiteurs. La statue originale, sculptée par Gabriel-Vital Dubray en 1865, étant très endommagée et particulièrement fragile est, quant à elle, conservée dans les réserves du musée.
Bien qu’appartenant à l’État français, Bois-Préau ne bénéficie d’aucune protection, comme le classement au titre des Monuments historiques ou encore l’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco.
Près de 30 ans après sa fermeture, le château de Bois-Préau a rouvert ses portes à l’automne 2022. En effet, après des appels d’offres, des travaux de restauration ont notamment été financés par ministère de la Culture (crédit d’État).