Le jardin du Bourg-Joly à Saint-Martin-de-Sanzay (Deux-Sèvres) se situe à une vingtaine de kilomètres du Parc naturel régional Loire-Anjou-Touraine, à une centaine de kilomètres du Marais Poitevin. Ce site privé à la riche biodiversité est le fruit du travail quotidien d’un couple qui, en 2007, s’est lancé le défi de créer un jardin de trois hectares.
Inessa Varchavskava et Menno Grouvel achètent le château viticole et son parc en 2007 dont 1,5 hectare est en friche. Tous deux ingénieurs de métier, elle géophysicienne et lui mécanicien, ont été habitués à voyager dans le monde entier. En 2007, ils décident de déménager dans le département des Deux-Sèvres, majoritairement rural, et de mettre en œuvre leur projet de jardin : « reconstruire un parc botanique alliant beauté et diversité », « avec un parti pris de jardin à l’anglaise ».
Alors même qu’ils commençaient à créer un arboretum près de la grande maison qui s’élève sur le site, ils découvrent que celui-ci souffre d’un déficit de biodiversité. Constatant le manque d’espèces d’oiseaux en premier lieu (3 espèces seulement), ils s’aperçoivent également que le sol a été pendant plusieurs années gorgé de produits chimiques par l’ancien exploitant et les cultures des agriculteurs voisins. Maintes fois démontrée, « l’utilisation intensive et répétée de pesticides et d’herbicides est incriminée dans le déclin accéléré des populations d’insectes et aurait des conséquences terribles sur tous les animaux qui s’en nourrissent (oiseaux, amphibiens…) dont les populations seront directement affectées », comme le souligne Cyril Dion dans son livre Animal*.
Aujourd’hui, le site est un espace de biodiversité très riche, comme en témoigne le retour des oiseaux, des insectes et des mammifères sauvages. Le couple a souhaité restaurer un équilibre viable et bénéfique pour la faune et la flore, en éliminant tout traitement de synthèse, y compris dans le vignoble attenant.
L’absence d’utilisation de produits chimiques par le couple a été la première étape pour créer un cercle vertueux sur le site. Pour l’enrichir avec diverses plantations florales et essences d’arbres, ils se sont adaptés à la terre des Deux-Sèvres particulièrement argileuse dans cette zone. Pour Inessa, plus familière de la terre particulièrement sèche de sa région natale située dans l’Asie centrale soviétique, c’était une nouveauté.
Une statue de jeune paysan portant serpe et gerbe de blé se dresse au milieu des arbres du parc et rappelle la vocation agricole de la propriété. © Jardin du Bourg-Joly Un bouquet d’iris précède le bassin d’agrément, dans lequel pousse des papyrus sous le regard d’un putti chevauchant un dauphin baroque. © Jardin du Bourg-Joly Arbres et plantes du jardin abritent aujourd’hui, grâce aux efforts des maîtres des lieux, une faune nombreuse. © Jardin du Bourg-Joly
Cette nouvelle occupation à plein temps a demandé à notre couple jardinier un gros travail de recherche pour savoir comment prendre soin de la terre tout en la travaillant et y développer la faune et la flore. Ils soulignent que cela n’a pas toujours été facile, et qu’encore aujourd’hui ils apprennent toujours de nouvelles choses. Un jardinier les aide deux après-midi par semaine. Occasionnellement, ils font aussi appel à des paysagistes et autres jardiniers pour planter, tailler des arbres, et se faire parfois aider pour créer les associations végétales idéales.
Le jardin a été imaginé en partant des chemins menant à leur maison. « Il peut se lire en vagues grâce aux couleurs » explique Inessa. En effet, chaque saison, le jardin dispose de parcelles colorées. Grâce à un choix minutieux et adapté, les fleurs et les arbres sont associés selon leur forme, feuillage et couleurs.
Les bordures des chemins sont entourées de pivoines de France et de Russie aux côtés d’iris et d’asters. De nombreuses autres plantes peuplent le jardin, telles que forsythia, mimosa et cedrela. Moins connus peut-être des amateurs de jardins le mahonia Charity et le cornouiller Mas (mâle) qui fleurissent en hiver.
Le même jeu de couleurs existe avec le feuillage des arbres (bouleaux, chênes, hêtres, frênes…), des arbustes (aubépines, rosas canina, mahonias) et haies. Cela permet, par exemple, d’admirer en hiver une palette de vert, jaune et rose. « Plus les arbres grandissent, plus ils sont spectaculaires », s’émerveille Inessa.
Le site accueille un refuge LPO (Ligue de protection des oiseaux) qui permet de surveiller sa santé. Aujourd’hui, il y a environ une vingtaine d’espèces d’oiseaux différentes dans le jardin (alouette des champs, rossignol philomèle, roitelet huppé, pic vert, rapaces nocturnes…). Plus récemment, plusieurs essaims d’abeilles ont été installés, favorisant la pollinisation. Menno précise que les abeilles ne sortent qu’à partir de 10°C.
Le jardin d’Inessa et de Menno permet à nos sens de voyager quelques heures dans l’un des précieux écosystèmes que compose le département des Deux-Sèvres.
Pour tout renseignement, n’hésitez pas à les contacter (https://www.chateaudubourgjoly.com/contact/)
*Cyril Dion, Animal, Arles, Actes sud, 429 p., p. 36.